JEUX DE RIMES ET MOTS D'AME
Bienvenue aux amateurs de poésie ! De plus en plus nombreux sur le site, vous n'êtes plus des dinosaures en voie de disparition ! Voici en partage quelques extraits du recueil qui sortira prochainement et qui rassemblera des émotions, des instants et des états d'âmes posés sur la douce musique des rimes.
La poésie est la photographie écrite de l'émotion. Grâce à internet sa réputation élitiste a vécu ! Je veux contribuer au moyen de ce blog, et vous invite à le faire avec moi, à diffuser largement par le formidable outil de la toile ce moyen d'expression artistique qui a toute sa place dans un monde de communication rapide où on aime le concentré, l'image, l'efficace.
Un poème c'est tout cela à la fois et surtout une occasion de jouer à l'infini avec les mots pour faire danser les sentiments et les tourments.
Un poème, c'est la chance qui nous est donnée de laisser notre fenêtre intérieure ouverte sur le grand champ des émotions qui nous assaillent pour en reprendre le contrôle.
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LE PONT SECRET
Y a-t-il un pont sur la rivière
Qui fait se joindre les pensées
Existe t il un fil secret
Invisible un chemin discret
Où Shakespeare frôlerait Molière ?
Comment te dire, où déposer,
Ailleurs qu’en ce lieu si ténu,
Mes couleurs mes rires mes étés
Posés comme un petit Poucet
Pour que tu retrouves ma rue…
Comment croire que tout est perdu
Quand je sens à mon cou si près
Encore le doux de tes baisers
Et sous ma main ton grain à nu.
Je le sens souvent, je l’espère,
Cet au dessus qui nous rejoint ;
En dépit du temps et des mers
Je t’aime comme au premier matin.
Il faut vivre et il faut attendre
Respirer encore un peu plus
Cet air qui passe par-dessus
Et que nul ne pourra me prendre.
La pluie qui tombe ce matin
M’est caresse car je sais bien
Que c’est près de moi qu’elle achève
Le long voyage commencé
Dans les brumes au dessus des grèves
Près des berges où tu es passé,
Et c’est par ce pont entre nous
Que me vient depuis des années
Ta vie ton coeur par petits bouts
Pour que je sache où te chercher.
DES MOTS
Pour dire vos drames
Il y a des mots, madame
Des mots
Pour dire vos larmes et vos bravos
Il y a des mots.
Pour dire vos yeux
Il y a des mots, Madame
Précieux
Pour dire le mieux pour voir le beau
Il y a des mots.
Pour dire l’envie
Il y a des mots, Monsieur
Aussi
Pour faire l’amour incognito
Il y a des mots.
Des mots plaisir des mots délire
Des chauds
Des mots savants des mots méchants
Des faux
Pour caresser
Il y a des mots, Madame
Qui rendent beau
Pour voir au-delà de la peau
Il y a des mots.
Pour s’en aller
Il y a des mots, Monsieur
D’adieu,
Pour dire trop tard pour dire trop tôt
Il y a des mots
Pour dire j’ai mal
Il y a des mots, Madame
Des gros
Pour piquer le dos du taureau
Il y a des mots.
Pour dire vos maux
Il y a des larmes, Marmots
Pour vos bobos
Le soir venu pour faire dodo
Il y a des mots.
Des mots couleurs des mots douceur
Piano,
Des mots qui tremblent des mots qui semblent
Trop beaux,
Des mots d’amour des mauvais jours
Des flots,
Des mots partout des mots toujours
Des mots !
LES PETITS HOTELS
Dans ma rue y a des petits hôtels
Des jolies filles sur la marelle
Font les cents pas la nuit tombée
J’aime le clic à mes oreilles
De leurs talons sur le pavé.
Sous les néons des petits hôtels
Volent des parfums veloutés
Des porte jarretelles jambes de fées
Des libellules demoiselles
En faux cuir et trop maquillées.
Dans l’escalier des petits hôtels
Sur la moquette rose râpée
Montent des prénoms sans sommeil
Des Gérard des Jean des Abdel
Cueillent des fruits pas encore prêts.
Dans les couloirs des petits hôtels
Entre deux désirs essuyés
Des enfants jouent à se cacher
À rire et à se refaire belles
Comme si c’était la récré.
Dans les chambres des petits hôtels
Juste avant d’aller se coucher
Vernis rouge sur l’oreiller
Des mains nues comptent les billets
Le corps le coeur écartelé.
Dans les draps chauds des petits hôtels
Rêvent des anges enchifrenés
Quelques heures dans un nid douillet
Elles sont au pays des merveilles
Où l’amour n’est pas tarifé.
Au matin devant les petits hôtels
Des poupées fument sans manger
Grelottent des épaules aux orteils
Les gens bien disent que c’est le bordel
Puis ils montent dans le tramway.
MON OISELLE
Dans le nid de ma maternelle
Gazouille un oiseau vigoureux
Sur un lit de plumes de celles
Dont sont faits les coussins précieux.
A côté juste sous mon aile
Au cœur de l’hiver rigoureux
Grelotte une petite oiselle
Un bout de moi, un petit peu
Déjà blessée quoique nouvelle
Son corps malingre est souffreteux
Des papillons dans sa cervelle
Dansent un ballet à qui mieux mieux.
Lors qu’elle chante mon hirondelle
Sa voix qui monte et puis chancelle
Cœur léger sur la balancelle
Corde grêle qui rejoint les cieux.
Quand elle compte les fils s’emmêlent
Et tous les chiffres s’amoncèlent
Trop de doigts de bouts de ficelles
Qui a dit un et un font deux ?
Quand elle tempête ma donzelle
Le ciel foudroie par ses prunelles
Des torrents de rage ruissellent
Et le tonnerre emporte tout !
Mais mon oiselle ma jouvencelle
A des étoiles sur ses joues
Ma sauterelle ma toute belle
A le cœur pur un point c’est tout !
La fille de l’automne
Je connais les jours monotones
Les matins gris et les ciels bas
Je suis une fille de l’automne
Une fille de la vie qui s’en va…
J’aime la châtaigne et la pomme
Roulant à l’orée des sous bois
Et la rosée cirant les noix
Au soleil tiédi de l’automne
J’aime le creux chemin de terre
Et la lumière qui décroît
Le cri des feuilles sous mes pas
Les paniers ronds au pli du bras
J’aime le cartable et la gomme
Le tableau noir, le cœur qui bat
La craie qui crisse sous mes doigts
Et l’heure de la sortie qui sonne
Je sais le goût de la vendange
Le rouge du vin sur mes doigts
Le fruit gorgé de vie qui penche
Puis coule et roule sous le poids
Je sens encore à mon visage
La brûlure de ces frais matins
Les marrons luisant plein les mains
Gonflant mes poches d’enfant sage.
J’aime le bois qui se consume
Aux fumées de l’âtre craquant
La chair de la châtaigne brune
Qui infuse sur les sarments
J’aime la paix des cimetières
Les christs veillant de leurs croix
Sur les corps rendus à la terre
Dans l’espoir de devenir rois
Je connais les jours monotones
Les matins gris et les ciels bas
Je suis une fille de l’automne
Une fille de la vie qui s’en va…
OUBLIE
Lorsque l’amour est impossible
Que le fer croise plus que raison
Si on en garde le poison
Il nous ronge mieux que l’acide
Oublie la peau la voix les mots
Les objets sur les étagères
Jette les sourires des photos
Efface les de tes paupières
Ne pense plus à son visage
Le temps perdu compte les rides
L’amour tient chaud, pas les images
Il ne remplit que les mains vides
Ne prononce plus son prénom
Au coin des lèvres qui incise
Mieux vaut déchirer le brouillon
Quand la leçon est mal apprise
Oublie l’endroit et oublie l’heure
Oublie le non évènement
Ne rappelle pas le malheur
Aime ici et maintenant.
Toi qui regardais en arrière
Cherchant des pas sur la chaussée
Oublie le parfum éphémère
De la silhouette échappée.
TANGO
Du désir quand il se déchire
Et qu’il pleure
Reste parfois un souvenir
Qui demeure
Une argentine mélodie
Trois accords
Un air empreint de nostalgie
Un remord
Un ballet au rythme d’un
Pas de deux
Un tango né pour dire adieu.
A pas feutrés à mots comptés
Tu avances
J’aime ce jeu j’aime le feu
Que tu lances
Comme un aveu comme un enjeu
Une chance
Je sens ton souffle tiède et doux
Qui m’effleure
Si tu me touches, si tu fais mouche
Je meurs !
Tes bras m’accueillent et tes doigts cueillent
Mes dômes
Tu me presses je te caresse
Et comme
Nos mains s’égarent elles séparent
Leurs paumes.
J’enfouis mon nez au cœur de tes
Boucles brunes
Les yeux fermés tout essoufflée
Je te hume.
Je te pousse je me redresse
Eh homme !
Que me veux tu que cherches tu
En somme ?
D’un tour de main au creux des reins
Tu glisses
Creusant la pente où je détiens
Ton supplice
Félin Féline nos corps ondulent
Complices
Tu persistes avances et insistes
Fauve
Ton regard noir chaud et pressant
Me love
Sous l’arc triomphant
De ton alcôve.
Par principe je te résiste,
Fébrile,
A la promesse de ta caresse
Virile…
Ainsi attisé ton désir dressé
Au comble
Tu ne sauras rien de l’émoi qui nait
Dans l’ombre
Conquise et à ta cause acquise
Je tombe
Un à un tous mes grands principes
Succombent.
Chut ! Tes doigts sont chauds sur le velours
De ma robe
Tu me conduis je t’éconduis
Je l’ose !
Je te veux tant que je te fuis
J’implose
Pourtant du flux et du reflux
L’attente
Bien plus que le refus
Me tente.
De nos humeurs les sautes
Intermittentes
Oubliant l’heure suivent les notes
Indécentes,
Du bandonéon qui respire
Tourmente
Révélation ? Révolution ?
Sans conteste !
Il joue de moi du bout des pas
Sans complexe …
Une argentine mélodie
Trois accords
Un air empreint de nostalgie
Un remord
Un ballet au rythme d’un
Pas de deux
Un tango né pour dire adieu.
Douce querelle tendre combat,
Hétéro,
Un homme une femme sans chabada
Un tempo
Je te touche et te perds déjà
TANGO !
Le miel et le poivre
La vie est un curieux mélange
Aux jours tendres suivent les heures amères
Elle donne tout et sans comprendre
Nous ôte tout en un éclair.
Qu’il est doux le miel qu’elle distille
Comme on pense en garder toujours
Le goût sucré sur les papilles
Insouciants, aveugles et sourds…
Ne rien perdre, ne rien laisser
Nous vivons avec gourmandise
Et croquons de nos dents aiguises
Derrière le miel les grains cachés
Encore le goût entre les lèvres
du miel tendre et le fiel s’ensuit
Les yeux s’ouvrent… l’enfance est finie
Soudain la nuit donne la fièvre
Ainsi va-t-il de l’existence
De pots de miel en grains de poivre
Ainsi s’effeuille notre enfance
De l’aube jusqu’au dernier soir.
LE MAGICIEN
J’ai pour un raconteur de fables
Un sentiment déraisonnable
J’ai pour un prometteur de lune
Tournant la tête à chaque brune
Une attirance indiscutable
Inclination presque coupable
Qui me ronge et me rend affable.
J’ai pour un faiseur de mirage
En veste rouge et blanc corsage
Donné tout mon cœur sans partage
Les fleurs de mes plus beaux printemps
Pour un pourfendeur de serments
Qui ne poursuit le mariage
Que pour ce qu’il promet d’amants.
J’ai pour un revendeur de rêve
Une addiction comme une fièvre.
Un bonimenteur indécent
Qui me caresse et qui me ment
Qui change de draps et de lèvres
Comme le ciel change de vent.
J'ai pour un diseur d'aventure
Au fond du cœur une brûlure
Pour un détourneur d’attention
J'ai profané mes illusions
A son appétit décadent
Je ne fus qu’une friandise
Une pluie jetée à sa guise
De confettis au firmament…
MON ENFANT GRANDI
Mon enfant grandi vole vers demain
Mon enfant rempli a lâché ma main
Silhouette d’homme au cœur de bambin
Porte ton bagage vers d’autres matins
Un peu de chaleur s’échappe au lointain
Preuve de la vie qui prit en mon sein
Les murs de ta chambre pareils à un dôme
Préservent l’enfance au cœur du royaume
L’odeur de tes gestes encore tous empreints
Du chaud de ton lit jamais ne s’éteint
Mon enfant grandi va vers ton destin
Mon enfant d’amour ayant fait le plein
Tout engaillardi cours vers d’autres mains
Apprendre la vie, l’apprendre plus loin
Mon cœur tout entier tremble pour demain
La porte entrouverte aspire sans fin
Les pans de ta veste flottant au matin
Seule une ombre reste au bout du chemin
Et dans ton sillage au parfum châtain
La pluie de novembre cache mon chagrin
Vingt ans pour apprendre à te mettre au monde
A te rendre beau pour une autre blonde
Mon enfant mon fruit à la peau si douce
A peine mûri haut comme trois pouces
Quitte mes genoux pour d’autres câlins
Et mon cœur le sait…c’est moi l’orphelin.
PARENTHESES
Minutes tendres où rien ne pèse
Cadeaux du ciel si bienvenus
Tes bras comme des parenthèses
Autour de mon cœur presque nu
Remparts aimants pleins d’indulgence
Tout cède à vos toutes puissances
Heures intenses temps suspendu
Aux souffrances un moment perdues
Instants de trêve entre deux bombes
Heures minutes ou secondes
Qu’importe puisque rien ne compte
Le temps s’égraine à notre insu
Oublions tout et suivons l’onde
Laissons nos âmes vagabondes
S’élever au delà du monde
Et trouver le jardin perdu
Minutes blondes où tout est tiède
Entre deux guérisons la fièvre
Je puise à tes baisers de braise
La force de soulever demain
Sur ta bouche au parfum d’enfance
Je goûte enfin à l’insouciance
Fuir la raison pour l’imprudence
Et abuser de ce festin
A ces heures particulières
Au creux de toi mon partenaire
Je fusionne avec l’univers
En apesanteur dans la bulle
Entre nos deux coeurs pas de vide
Entre deux mots plus de virgule
Etreinte de nos hémisphères
L’envie d’aimer n’a pas de ride
Merci à ces heures légères
Où le temps suspend le destin
Où la vie se fait moins amère
Mes yeux fondus au cieux des tiens
Demain n’existe pas plus qu’hier
Ni voir derrière ni plus loin
Instants de miel entre nos mains
Et tant pis si c’est éphémère
WEB LOVE
Un petit baiser oublié
Sur la joue mal rasée
de Mac
Un tendre baiser échappé
D’un rêve tout juste effleuré
Du bout des mots sur un clavier
Je tape
Une douce caresse posée
Sur la peau tiède désirée
de Mac
Inconnu au détour croisé
D’une rupture toute écorchée
Au seuil de ta porte
Qui claque
Sans condition et sans contrainte
Je laisse ma peau à l’étreinte
de Mac
Et je prends la main qu’il me tend
Il m’aide à vivre ton tourment
Sans promesse et sans prétention
Sans masque
Sans amour et sans émotion
Je livre tout mon savoir faire
à Mac
De cet homme qui n’est qu’un prénom
Je suis maîtresse à ma façon
Lui donne mes meilleures leçons
Sans trac
Sans conteste et sans illusion
J’oublie dans les mots et les gestes
De Mac
La douleur de ton abandon
Et entre ses mains sans mensonge
S’enfuit enfin l’ombre qui ronge
Et traque
CHAIR DISPARUE
Les parents qui s’envolent sans même un au revoir
Emportent avec eux un peu de notre histoire
Ces cœurs qu’on aime encore et qui ne battent plus
Deviennent à jamais notre chair disparue.
Les parents qui s’endorment avant de dire bonsoir
Referment de leurs yeux le beau livre d’histoires
Monsieur SEGUIN est mort… sa chèvre au désespoir
Couchée à son linceul se refuse d’y croire…
Je donnerais si cher pour encore une fois
Voir ton sourcil froncer à mes moindres faux pas
Entendre sans broncher la tendre litanie
De tes sermons d’amour et tes mots de papa !
Que j’étais sotte alors de vouloir être grande
Il est bien fort le prix à payer pour comprendre…
Las ! L’enfance est finie et dans aucun regard
Plus jamais je n’aurai la joie d’avoir dix ans !
A jamais sur mon front les baisers de velours
Tendrement déposés de ta barbe si douce
Mon père tu es parti sans me border ce soir.
Il était là, caché, le loup de ma mémoire…
Chair aimée d’où je suis venue, bras solides où j’étais tenue
Papa au vent du soir je me retrouve nue
Sans avoir eu le temps d’assez baiser tes joues
Ni de dormir encore… un peu… sur tes genoux…
MON FRERE
Comme pour adoucir l’hiver
Venu grandir mon univers
Chaparder l’amour de ma mère
Petit lutin du nom de Pierre
Une, deux, toi, te voilà ! mon frère.
Nos jeux d’enfants, les bords de Cère
Nos rires, nos chants, c’était hier
Mêmes couleurs, même lumière
Mêmes douleurs, même galère
Main dans la main sur le chemin, mon frère.
Quand l’espoir de demain je perds
Quand s’effacent tous mes repères
Et que s’étiole ma lumière
Abandonne à mes pleurs amers
Ton épaule, sans paroles, mon frère.
Le masculin que je préfère
Magicien de mon ordinaire
Ami, frangin, seul exemplaire
De mon intime égo l’alter
Même mémoire, même chair
Viens, viens dans mes bras, mon frère !
CHAUVE SOURIS
Ballerine en robe du soir
Cotillon sobre et masque noir
Tu virevoltes dans le soir
Frôlant les lumières de la ville
Gourgandine poudrée de fard
Mélusine en talons aiguilles
Froufroutant nue sous ton peignoir
Qui cherches-tu sur ce trottoir
Enivrée des senteurs subtiles
Que la nuit disperse au hasard
Tu zig zagues tu tournes et tu vrilles
Dans un ballet des plus bizarre
Aveuglée par tout ce qui brille
Gourmande d’araignées du soir
Fantôme de mes nuits de fille
Partenaire des couche tard
Surgie du fond de nulle part
Guidée par ton oreille habile
à l'affût de mes insomnies
Tu viens au fond de ma mémoire
Balayer le mal qui distille
les poussières d’une vieille histoire
et voyant tes péripéties
Plus jamais je n’ai peur du noir
Dès que l’aube avance sans bruit
Tu t’enfuis craignant les regards
Prêtresse à la soutane noire
Tu rentres dans ton purgatoire
Drapée dans ton fourreau gracile
Pattes pendues dans ton dortoir
Tu caches ton nez de souris
Et te chauves jusqu’au soir qui suit.
STRIP TEASE
Pour t’aimer à cœur découvert
Dans un strip tease au clair de lune
Mon corps essaie à sa manière
D’ôter mes peurs une par une…
Jeter dans un rite barbare
Aux quatre coins de la maison
Chaque peur comme un accessoire
Une entrave à la rédemption
Je débarrasse d’un geste fort
Sous mon manteau la crainte austère
De demeurer une étrangère
Pour conjurer le mauvais sort.
Je dépose avec mes chaussures
Celle de n’être qu’une aventure
Juste une conquête de plus
Et mon écharpe par-dessus…
Mon chemisier je déboutonne
A chaque doigt qui tourne et glisse
La peau de mes seins qui frissonne
De peur qu’un jour tu me trahisses.
Mes paumes tremblent sur mes côtes
Et posées froides sur mon ventre
Glacées de la peur que tu mentes
Et que ton cœur soit à une autre.
Enfin ma jupe sur le lit
vient la peur comme une étincelle
de ne pas être assez belle
et qu’un jour prochain tu m’oublies.
Je jette au pied de mon armoire
Mon soutien gorge en soie de chine
La peur de toutes ces copines
Qui vivent encore dans ta mémoire.
Et pour finir au plus intime
Dans ta main ma culotte noire
La crainte que l’amour s’abîme
Et la peur de te décevoir…
LE CHAT
Petit bout d’âme que je cajole
Boule de poils aux jeux frivoles
Filtre douillet de mes tourments
Sur mon ventre tiède vibrant
Souffle léger aux yeux de braise
Enroulée toute sur ma chaise
De ton sommeil chaud tu apaises
La solitude qui me pèse
Truffe rose propre et gracile
Coquette aux si parfaits atours
Toilette en patte de velours
Lisse vibrisses et longs cils
Gourmande tu guettes en cuisines
mes reliefs en patte d’épines
tu chipes espiègle et volatile
d’un geste précis et facile
Petit bout de rien si fragile
Qui me quitte pour d’autres cieux
poursuis sur le lit du bon dieu
ton ronron paisible et précieux
LA LUNE
M’asseoir et regarder la lune
Lever mes pouces comme un enfant
M’asseoir sur un coin de bitume
Poser mes bagages un instant
Oser mon œil dans la serrure
Ciselée en un arc d’or
Au noir velours en clair obscur
Comme une issue dans le décor
M’asseoir et caresser la lune
Ce soir elle me joue la paresse
Glisser le tendre de ma pulpe
Sur son dos rond comme une fesse
M’asseoir et relever la tête
Oublier la terre un instant
Chercher les étoiles paillettes
Et les miettes autour du croissant
M’asseoir et entendre la lune
Au dessus du bruit et des gens
Laisser son souffle comme une plume
Me murmurer que j’ai le temps
Poser mes yeux sur ce bijou
Et prendre un peu de sa lumière
Sentir qu’il est temps tout à coup
De me poser de ne rien faire
Que m’asseoir, confier à la lune
De nos suspensions le point
Mes mots d’amour ou d’infortune,
Mon coeur, en attendant le tien.
LA PLAGE
Flânant un jour au vent léger
Sur la plage au cri des oiseaux
Assise encor toute habillée
Je regarde au loin les bâteaux.
Songeant aux rimes du Poète
Dans son hymne à la liberté
Mon sein contraint sous son corset
M’implore de sortir sa tête.
Cédant à son désir mignon
Des épaules jusqu’au mollet
Je délie les bouts de coton
Ouvrant sa vue au vent salé.
Libre des fibres et des mailles
Mon cœur est là juste en dessous
Il pulse et pousse jusqu’au bout
Du tétin surpris qui tressaille.
La brise dans mes boucles d’or
Balaye d’un geste fripon
Les restes de peur sans remord
Jetant les clefs de ma prison.
Le soleil partout me mordille
Je m’offre à son baiser gourmet
Il sait que je suis une fille
Je sais ses morceaux préférés.
Mes reins chauffent au sable brûlant
Mon ventre palpite et frissonne
Souple il ondule et vibre et tend
Vers l’eau qui s’approche et m’affole.
La fraîche écume de satin blanc
Voile un peu ma cheville frêle
Et dépose en se retirant
Un délicat filet de sel.
La vague glisse sur mes courbes
Caresse mes creux à loisir
J’abandonne à l’eau et au feu
La conduite de mon désir.
Le sable est devenu ma couche
Je roule mon grain sur le sien
Lui laisse embrasser mes recoins
Et goûter le sel de ma bouche.
Je goûte au bonheur de l’éther
Aussi nue qu’à mon arrivée
Je m’envole au vent si légère
Sans armure ni bouclier.
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