Marie LIANDIER , Poète et Romancière

JEUX DE RIMES ET MOTS D'AME

Bienvenue aux amateurs de poésie ! De plus en plus nombreux sur le site, vous n'êtes plus des dinosaures en voie de disparition ! Voici en partage quelques extraits du recueil qui sortira prochainement et qui rassemblera des émotions, des instants et des états d'âmes posés sur la douce musique des rimes. 

 

La poésie est la photographie écrite de l'émotion. Grâce à internet sa réputation élitiste a vécu ! Je veux contribuer au moyen de ce blog, et vous invite à le faire avec moi, à diffuser largement par le formidable outil de la toile ce moyen d'expression artistique qui a toute sa place dans un monde de communication rapide où on aime le concentré, l'image, l'efficace.

 

Un poème c'est tout cela à la fois et surtout une occasion de jouer à l'infini avec les mots pour faire danser les sentiments et les tourments.

Un poème, c'est la chance qui nous est donnée de laisser notre fenêtre intérieure ouverte sur le grand champ des émotions qui nous assaillent pour en reprendre le contrôle. 

 

 droits réservé

 

 

LE PONT SECRET

 

Y a-t-il un pont sur la rivière

Qui fait se joindre les pensées

Existe t il un fil secret

Invisible un chemin discret

Où Shakespeare frôlerait Molière ?

Comment te dire, où déposer,

Ailleurs qu’en ce lieu si ténu,

Mes couleurs mes rires mes étés

Posés comme un petit Poucet

Pour que tu retrouves ma rue…

Comment croire que tout est perdu

Quand je sens à mon cou si près

Encore le doux de tes baisers

Et sous ma main ton grain à nu.

Je le sens souvent, je l’espère,

Cet au dessus qui nous rejoint ;

En dépit du temps et des mers

Je t’aime comme au premier matin.

Il faut vivre et il faut attendre

Respirer encore un peu plus

Cet air qui passe par-dessus

Et que nul ne pourra me prendre.

La pluie qui tombe ce matin

M’est caresse car je sais bien

Que c’est près de moi qu’elle achève

Le long voyage commencé

Dans les brumes au dessus des grèves

Près des berges où tu es passé,

Et c’est par ce pont entre nous

Que me vient depuis des années

Ta vie ton coeur par petits bouts

Pour que je sache où te chercher.

 

 

 

DES MOTS

 

Pour dire vos drames

Il y a des mots, madame

Des mots

Pour dire vos larmes et vos bravos

Il y a des mots.

 

Pour dire vos yeux

Il y a des mots, Madame

Précieux

Pour dire le mieux pour voir le beau

Il y a des mots.

 

Pour dire l’envie

Il y a des mots, Monsieur

Aussi

Pour faire l’amour incognito

Il y a des mots.

 

Des mots plaisir des mots délire

Des chauds

Des mots savants des mots méchants

Des faux

 

Pour caresser

Il y a des mots, Madame

Qui rendent beau

Pour voir au-delà de la peau

Il y a des mots.

 

Pour s’en aller

Il y a des mots, Monsieur

D’adieu,

Pour dire trop tard pour dire trop tôt

Il y a des mots

 

 

Pour dire j’ai mal

Il y a des mots, Madame

Des gros

Pour piquer le dos du taureau

Il y a des mots.

 

Pour dire vos maux

Il y a des larmes, Marmots

Pour vos bobos

Le soir venu pour faire dodo

Il y a des mots.

 

Des mots couleurs des mots douceur

Piano,

Des mots qui tremblent des mots qui semblent

Trop beaux,

Des mots d’amour des mauvais jours

Des flots,

Des mots partout des mots toujours

Des mots !

LES PETITS HOTELS

 

Dans ma rue y a des petits hôtels

Des jolies filles sur la marelle

Font les cents pas la nuit tombée

J’aime le clic à mes oreilles

De leurs talons sur le pavé.

 

Sous les néons des petits hôtels

Volent des parfums veloutés

Des porte jarretelles jambes de fées

Des libellules demoiselles

En faux cuir et trop maquillées.

 

Dans l’escalier des petits hôtels

Sur la moquette rose râpée

Montent des prénoms sans sommeil

Des Gérard des Jean des Abdel

Cueillent des fruits pas encore prêts.

 

Dans les couloirs des petits hôtels

Entre deux désirs essuyés

Des enfants jouent à se cacher

À rire et à se refaire belles

Comme si c’était la récré.

 

Dans les chambres des petits hôtels

Juste avant d’aller se coucher

Vernis rouge sur l’oreiller

Des mains nues comptent les billets

Le corps le coeur écartelé.

 

Dans les draps chauds des petits hôtels

Rêvent des anges enchifrenés

Quelques heures dans un nid douillet

Elles sont au pays des merveilles

Où l’amour n’est pas tarifé.

 

Au matin devant les petits hôtels

Des poupées fument sans manger

Grelottent des épaules aux orteils

Les gens bien disent que c’est le bordel

Puis ils montent dans le tramway.

 

 

MON OISELLE

 

Dans le nid de ma maternelle

Gazouille un oiseau vigoureux

Sur un lit de plumes de celles

Dont sont faits les coussins précieux.

 

A côté juste sous mon aile

Au cœur de l’hiver rigoureux

Grelotte une petite oiselle

Un bout de moi, un petit peu

 

Déjà blessée quoique nouvelle

Son corps malingre est souffreteux

Des papillons dans sa cervelle

Dansent un ballet à qui mieux mieux.

 

Lors qu’elle chante mon hirondelle

Sa voix qui monte et puis chancelle

Cœur léger sur la balancelle

Corde grêle qui rejoint les cieux.

 

Quand elle compte les fils s’emmêlent

Et tous les chiffres s’amoncèlent

Trop de doigts de bouts de ficelles

Qui a dit un et un font deux ?

 

Quand elle tempête ma donzelle

Le ciel foudroie par ses prunelles

Des torrents de rage ruissellent

Et le tonnerre emporte tout !

 

Mais mon oiselle ma jouvencelle

A des étoiles sur ses joues

Ma sauterelle ma toute belle

A le cœur pur un point c’est tout !

 

  

La fille de l’automne

 

Je connais les jours monotones

Les matins gris et les ciels bas

Je suis une fille de l’automne

Une fille de la vie qui s’en va…

 

J’aime la châtaigne et la pomme

Roulant à l’orée des sous bois

Et la rosée cirant les noix

Au soleil tiédi de l’automne

 

J’aime le creux chemin de terre

Et la lumière qui décroît

Le cri des feuilles sous mes pas

Les paniers ronds au pli du bras

 

J’aime le cartable et la gomme

Le tableau noir, le cœur qui bat

La craie qui crisse sous mes doigts

Et l’heure de la sortie qui sonne

 

Je sais le goût de la vendange

Le rouge du vin sur mes doigts

Le fruit gorgé de vie qui penche

Puis coule et roule sous le poids

 

Je sens encore à mon visage

La brûlure de ces frais matins

Les marrons luisant plein les mains

Gonflant mes poches d’enfant sage.

 

J’aime le bois qui se consume

Aux fumées de l’âtre craquant

La chair de la châtaigne brune

Qui infuse sur les sarments

 

J’aime la paix des cimetières

Les christs veillant de leurs croix

Sur les corps rendus à la terre

Dans l’espoir de devenir rois

 

Je connais les jours monotones

Les matins gris et les ciels bas

Je suis une fille de l’automne

Une fille de la vie qui s’en va…

OUBLIE

 

 

Lorsque l’amour est impossible

Que le fer croise plus que raison

Si on en garde le poison

Il nous ronge mieux que l’acide

 

 

Oublie la peau la voix les mots

Les objets sur les étagères

Jette les sourires des photos

Efface les de tes paupières

 

 

Ne pense plus à son visage

Le temps perdu compte les rides

L’amour tient chaud, pas les images

Il ne remplit que les mains vides

 

 

Ne prononce plus son prénom

Au coin des lèvres qui incise

Mieux vaut déchirer le brouillon

Quand la leçon est mal apprise

 

 

Oublie l’endroit et oublie l’heure

Oublie le non évènement

Ne rappelle pas le malheur

Aime ici et maintenant.

 

 

Toi qui regardais en arrière

Cherchant des pas sur la chaussée

Oublie le parfum éphémère

De la silhouette échappée.

 

 

 

TANGO

 

Du désir quand il se déchire

Et qu’il pleure

Reste parfois un souvenir

Qui demeure

Une argentine mélodie

Trois accords

Un air empreint de nostalgie

Un remord

Un ballet au rythme d’un

Pas de deux

Un tango né pour dire adieu.

A pas feutrés à mots comptés

Tu avances

J’aime ce jeu j’aime le feu

Que tu lances

Comme un aveu comme un enjeu

Une chance

Je sens ton souffle tiède et doux

Qui m’effleure

Si tu me touches, si tu fais mouche

Je meurs !

Tes bras m’accueillent et tes doigts cueillent

Mes dômes

Tu me presses je te caresse

Et comme

Nos mains s’égarent elles séparent

Leurs paumes.

J’enfouis mon nez au cœur de tes

Boucles brunes

Les yeux fermés tout essoufflée

Je te hume.

Je te pousse je me redresse

Eh homme !

Que me veux tu que cherches tu

En somme ?

D’un tour de main au creux des reins

Tu glisses

Creusant la pente où je détiens

Ton supplice

Félin Féline nos corps ondulent

Complices

Tu persistes avances et insistes

Fauve

Ton regard noir chaud et pressant

Me love

Sous l’arc triomphant

De ton alcôve.

 

Par principe je te résiste,

Fébrile,

A la promesse de ta caresse

Virile…

Ainsi attisé ton désir dressé

Au comble

Tu ne sauras rien de l’émoi qui nait

Dans l’ombre

Conquise et à ta cause acquise

Je tombe

Un à un tous mes grands principes

Succombent.

Chut ! Tes doigts sont chauds sur le velours

De ma robe

Tu me conduis je t’éconduis

Je l’ose !

Je te veux tant que je te fuis

J’implose

Pourtant du flux et du reflux

L’attente

Bien plus que le refus

Me tente.

De nos humeurs les sautes

Intermittentes

Oubliant l’heure suivent les notes

Indécentes,

Du bandonéon qui respire

Tourmente

Révélation ? Révolution ?

Sans conteste !

Il joue de moi du bout des pas

Sans complexe …

Une argentine mélodie

Trois accords

Un air empreint de nostalgie

Un remord

Un ballet au rythme d’un

Pas de deux

Un tango né pour dire adieu.

Douce querelle tendre combat,

Hétéro,

Un homme une femme sans chabada

Un tempo

 

Je te touche et te perds déjà

TANGO !

 

 

Le miel et le poivre

 

 

La vie est un curieux mélange

Aux jours tendres suivent les heures amères

Elle donne tout et sans comprendre

Nous ôte tout en un éclair.

 

Qu’il est doux le miel qu’elle distille

Comme on pense en garder toujours

Le goût sucré sur les papilles

Insouciants, aveugles et sourds…

 

Ne rien perdre, ne rien laisser

Nous vivons avec gourmandise

Et croquons de nos dents aiguises

Derrière le miel les grains cachés

 

Encore le goût entre les lèvres

du miel tendre et le fiel s’ensuit

Les yeux s’ouvrent… l’enfance est finie

Soudain la nuit donne la fièvre

 

Ainsi va-t-il de l’existence

De pots de miel en grains de poivre

Ainsi s’effeuille notre enfance

De l’aube jusqu’au dernier soir.

 

 

LE MAGICIEN

 

J’ai pour un raconteur de fables

Un sentiment déraisonnable

J’ai pour un prometteur de lune

Tournant la tête à chaque brune

Une attirance indiscutable

Inclination presque coupable

Qui me ronge et me rend affable.

J’ai pour un faiseur de mirage

En veste rouge et blanc corsage

Donné tout mon cœur sans partage

Les fleurs de mes plus beaux printemps

Pour un pourfendeur de serments

Qui ne poursuit le mariage

Que pour ce qu’il promet d’amants.

J’ai pour un revendeur de rêve

Une addiction comme une fièvre.

Un bonimenteur indécent

Qui me caresse et qui me ment

Qui change de draps et de lèvres

Comme le ciel change de vent.

J'ai pour un diseur d'aventure

Au fond du cœur une brûlure

Pour un détourneur d’attention

J'ai profané mes illusions

A son appétit décadent

Je ne fus qu’une friandise

Une pluie jetée à sa guise

De confettis au firmament…

 

 

MON ENFANT GRANDI

 

 

Mon enfant grandi vole vers demain

Mon enfant rempli a lâché ma main

Silhouette d’homme au cœur de bambin

Porte ton bagage vers d’autres matins

Un peu de chaleur s’échappe au lointain

 

Preuve de la vie qui prit en mon sein

Les murs de ta chambre pareils à un dôme

Préservent l’enfance au cœur du royaume

L’odeur de tes gestes encore tous empreints

Du chaud de ton lit jamais ne s’éteint

 

Mon enfant grandi va vers ton destin

Mon enfant d’amour ayant fait le plein

Tout engaillardi cours vers d’autres mains

Apprendre la vie, l’apprendre plus loin

Mon cœur tout entier tremble pour demain

 

La porte entrouverte aspire sans fin

Les pans de ta veste flottant au matin

Seule une ombre reste au bout du chemin

Et dans ton sillage au parfum châtain

La pluie de novembre cache mon chagrin

 

Vingt ans pour apprendre à te mettre au monde

A te rendre beau pour une autre blonde

Mon enfant mon fruit à la peau si douce

A peine mûri haut comme trois pouces

Quitte mes genoux pour d’autres câlins

Et mon cœur le sait…c’est moi l’orphelin.

 

 

PARENTHESES

 

 

Minutes tendres où rien ne pèse

Cadeaux du ciel si bienvenus

Tes bras comme des parenthèses

Autour de mon cœur presque nu

Remparts aimants pleins d’indulgence

Tout cède à vos toutes puissances

Heures intenses temps suspendu

Aux souffrances un moment perdues

 

Instants de trêve entre deux bombes

Heures minutes ou secondes

Qu’importe puisque rien ne compte

Le temps s’égraine à notre insu

Oublions tout et suivons l’onde

Laissons nos âmes vagabondes

S’élever au delà du monde

Et trouver le jardin perdu

 

Minutes blondes où tout est tiède

Entre deux guérisons la fièvre

Je puise à tes baisers de braise

La force de soulever demain

Sur ta bouche au parfum d’enfance

Je goûte enfin à l’insouciance

Fuir la raison pour l’imprudence

Et abuser de ce festin

 

A ces heures particulières

Au creux de toi mon partenaire

Je fusionne avec l’univers

En apesanteur dans la bulle

Entre nos deux coeurs pas de vide

Entre deux mots plus de virgule

Etreinte de nos hémisphères

L’envie d’aimer n’a pas de ride

 

Merci à ces heures légères

Où le temps suspend le destin

Où la vie se fait moins amère

Mes yeux fondus au cieux des tiens

Demain n’existe pas plus qu’hier

Ni voir derrière ni plus loin

Instants de miel entre nos mains

Et tant pis si c’est éphémère

 

 

WEB LOVE

 

 

Un petit baiser oublié

Sur la joue mal rasée

de Mac

Un tendre baiser échappé

D’un rêve tout juste effleuré

Du bout des mots sur un clavier

Je tape

 

Une douce caresse posée

Sur la peau tiède désirée

de Mac

Inconnu au détour croisé

D’une rupture toute écorchée

Au seuil de ta porte

Qui claque

 

Sans condition et sans contrainte

Je laisse ma peau à l’étreinte

de Mac

Et je prends la main qu’il me tend

Il m’aide à vivre ton tourment

Sans promesse et sans prétention

Sans masque

 

Sans amour et sans émotion

Je livre tout mon savoir faire

à Mac

De cet homme qui n’est qu’un prénom

Je suis maîtresse à ma façon

Lui donne mes meilleures leçons

Sans trac

 

Sans conteste et sans illusion

J’oublie dans les mots et les gestes

De Mac

La douleur de ton abandon

Et entre ses mains sans mensonge

S’enfuit enfin l’ombre qui ronge

Et traque

 

 

CHAIR DISPARUE

 

Les parents qui s’envolent sans même un au revoir

Emportent avec eux un peu de notre histoire

Ces cœurs qu’on aime encore et qui ne battent plus

Deviennent à jamais notre chair disparue.

 

Les parents qui s’endorment avant de dire bonsoir

Referment de leurs yeux le beau livre d’histoires

Monsieur SEGUIN est mort… sa chèvre au désespoir

Couchée à son linceul se refuse d’y croire…

 

Je donnerais si cher pour encore une fois

Voir ton sourcil froncer à mes moindres faux pas

Entendre sans broncher la tendre litanie

De tes sermons d’amour et tes mots de papa !

 

Que j’étais sotte alors de vouloir être grande

Il est bien fort le prix à payer pour comprendre…

Las ! L’enfance est finie et dans aucun regard

Plus jamais je n’aurai la joie d’avoir dix ans !

 

A jamais sur mon front les baisers de velours

Tendrement déposés de ta barbe si douce

Mon père tu es parti sans me border ce soir.

Il était là, caché, le loup de ma mémoire…

 

Chair aimée d’où je suis venue, bras solides où j’étais tenue

Papa au vent du soir je me retrouve nue

Sans avoir eu le temps d’assez baiser tes joues

Ni de dormir encore… un peu… sur tes genoux…

 

 

 

MON FRERE

 

 

 

Comme pour adoucir l’hiver

Venu grandir mon univers

Chaparder l’amour de ma mère

Petit lutin du nom de Pierre

Une, deux, toi, te voilà ! mon frère.

 

 

Nos jeux d’enfants, les bords de Cère

Nos rires, nos chants, c’était hier

Mêmes couleurs, même lumière

Mêmes douleurs, même galère

Main dans la main sur le chemin, mon frère.

 

 

Quand l’espoir de demain je perds

Quand s’effacent tous mes repères

Et que s’étiole ma lumière

Abandonne à mes pleurs amers

Ton épaule, sans paroles, mon frère.

 

 

Le masculin que je préfère

Magicien de mon ordinaire

Ami, frangin, seul exemplaire

De mon intime égo l’alter

Même mémoire, même chair

Viens, viens dans mes bras, mon frère !

 

 

 

 

CHAUVE SOURIS

  

Ballerine en robe du soir

Cotillon sobre et masque noir

Tu virevoltes dans le soir

Frôlant les lumières de la ville

Gourgandine poudrée de fard

Mélusine en talons aiguilles

Froufroutant nue sous ton peignoir

Qui cherches-tu sur ce trottoir

 

 

Enivrée des senteurs subtiles

Que la nuit disperse au hasard

Tu zig zagues tu tournes et tu vrilles

Dans un ballet des plus bizarre

Aveuglée par tout ce qui brille

Gourmande d’araignées du soir

Fantôme de mes nuits de fille

Partenaire des couche tard

 

 

Surgie du fond de nulle part

Guidée par ton oreille habile

à l'affût de mes insomnies

Tu viens au fond de ma mémoire

Balayer le mal qui distille

les poussières d’une vieille histoire

et voyant tes péripéties

Plus jamais je n’ai peur du noir

 

 

 

Dès que l’aube avance sans bruit

Tu t’enfuis craignant les regards

Prêtresse à la soutane noire

Tu rentres dans ton purgatoire

Drapée dans ton fourreau gracile

Pattes pendues dans ton dortoir

Tu caches ton nez de souris

Et te chauves jusqu’au soir qui suit.

 

STRIP TEASE

 

  

Pour t’aimer à cœur découvert

Dans un strip tease au clair de lune

Mon corps essaie à sa manière

D’ôter mes peurs une par une…

 

 

Jeter dans un rite barbare

Aux quatre coins de la maison

Chaque peur comme un accessoire

Une entrave à la rédemption

 

  

Je débarrasse d’un geste fort

Sous mon manteau la crainte austère

De demeurer une étrangère

Pour conjurer le mauvais sort.

  

 

Je dépose avec mes chaussures

Celle de n’être qu’une aventure

Juste une conquête de plus

Et mon écharpe par-dessus…

 

  

Mon chemisier je déboutonne

A chaque doigt qui tourne et glisse

La peau de mes seins qui frissonne

De peur qu’un jour tu me trahisses.

 

 

Mes paumes tremblent sur mes côtes

Et posées froides sur mon ventre

Glacées de la peur que tu mentes

Et que ton cœur soit à une autre.

 

 

Enfin ma jupe sur le lit

vient la peur comme une étincelle

de ne pas être assez belle

et qu’un jour prochain tu m’oublies.

 

 

Je jette au pied de mon armoire

Mon soutien gorge en soie de chine

La peur de toutes ces copines

Qui vivent encore dans ta mémoire.

 

Et pour finir au plus intime

Dans ta main ma culotte noire

La crainte que l’amour s’abîme

Et la peur de te décevoir…

 

LE CHAT

 

 

Petit bout d’âme que je cajole

Boule de poils aux jeux frivoles

Filtre douillet de mes tourments

Sur mon ventre tiède vibrant

 

Souffle léger aux yeux de braise

Enroulée toute sur ma chaise

De ton sommeil chaud tu apaises

La solitude qui me pèse

 

Truffe rose propre et gracile

Coquette aux si parfaits atours

Toilette en patte de velours

Lisse vibrisses et longs cils

 

Gourmande tu guettes en cuisines

mes reliefs en patte d’épines

tu chipes espiègle et volatile

d’un geste précis et facile

 

Petit bout de rien si fragile

Qui me quitte pour d’autres cieux

poursuis sur le lit du bon dieu

ton ronron paisible et précieux

 

 

 

LA LUNE

 

M’asseoir et regarder la lune

Lever mes pouces comme un enfant

M’asseoir sur un coin de bitume

Poser mes bagages un instant

 

Oser mon œil dans la serrure

Ciselée en un arc d’or

Au noir velours en clair obscur

Comme une issue dans le décor

 

M’asseoir et caresser la lune

Ce soir elle me joue la paresse

Glisser le tendre de ma pulpe

Sur son dos rond comme une fesse

 

M’asseoir et relever la tête

Oublier la terre un instant

Chercher les étoiles paillettes

Et les miettes autour du croissant

 

M’asseoir et entendre la lune

Au dessus du bruit et des gens

Laisser son souffle comme une plume

Me murmurer que j’ai le temps

 

Poser mes yeux sur ce bijou

Et prendre un peu de sa lumière

Sentir qu’il est temps tout à coup

De me poser de ne rien faire

 

Que m’asseoir, confier à la lune

De nos suspensions le point

Mes mots d’amour ou d’infortune,

Mon coeur, en attendant le tien.

 

LA PLAGE

 

 

Flânant un jour au vent léger

Sur la plage au cri des oiseaux

Assise encor toute habillée

Je regarde au loin les bâteaux.

 

Songeant aux rimes du Poète

Dans son hymne à la liberté

Mon sein contraint sous son corset

M’implore de sortir sa tête.

 

Cédant à son désir mignon

Des épaules jusqu’au mollet

Je délie les bouts de coton

Ouvrant sa vue au vent salé.

 

Libre des fibres et des mailles

Mon cœur est là juste en dessous

Il pulse et pousse jusqu’au bout

Du tétin surpris qui tressaille.

 

La brise dans mes boucles d’or

Balaye d’un geste fripon

Les restes de peur sans remord

Jetant les clefs de ma prison.

 

Le soleil partout me mordille

Je m’offre à son baiser gourmet

Il sait que je suis une fille

Je sais ses morceaux préférés.

 

Mes reins chauffent au sable brûlant

Mon ventre palpite et frissonne

Souple il ondule et vibre et tend

Vers l’eau qui s’approche et m’affole.

 

La fraîche écume de satin blanc

Voile un peu ma cheville frêle

Et dépose en se retirant

Un délicat filet de sel.

 

La vague glisse sur mes courbes

Caresse mes creux à loisir

J’abandonne à l’eau et au feu

La conduite de mon désir.

 

Le sable est devenu ma couche

Je roule mon grain sur le sien

Lui laisse embrasser mes recoins

Et goûter le sel de ma bouche.

 

Je goûte au bonheur de l’éther

Aussi nue qu’à mon arrivée

Je m’envole au vent si légère

Sans armure ni bouclier.

 

 

 

 



09/02/2013
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