Marie LIANDIER , Poète et Romancière

ECRIRE OUI ! MAIS OU ? QUAND ? COMMENT ?

 

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Il y a plein de choses dont vous ne pouvez parler à personne ? Vous aimez prendre le temps d’expliquer et de revenir sur les petites et les grandes choses de la vie, vous avez besoin de fixer ce qui pourrait rester fugace et volatile, vous aimez l’odeur, le toucher du papier, l’objet livre, l’odeur de l’encre.

Vous êtes parmi les derniers dinosaures qui envoient des cartes postales et des cartes de voeux ?

Vous savez passer de longues heures à absorber l’univers autour de vous, vous sentez souvent le bouillonnement des émotions dans votre volcan intérieur, vous savez bien que la vie ce n’est pas seulement se lever, manger, travailler et dormir…

Vous aimez jouer avec les mots, les disséquer, les tordre ou les caresser.

Et pire que tout: vous écrivez des textos sans faute d'orthographe et sans raccourci ?

Vous tentez de vous dérober mais le papier (ou l'ordinateur...) vous appelle malgré vous et vous revenez toujours au stylo et au carnet à spirale cachés dans la table de nuit... (la tablette c'est pas mal aussi !)

Si vous vous reconnaissez dans au moins trois de ces symptômes... aucun doute, vous avez été contaminé par le virus de l'écriture et vous n'y échapperez pas: vous allez écrire !

 

Vous avez tous les pré requis pour écrire cette histoire, ce roman qui est en vous depuis longtemps mais pour lequel vous n'arrivez pas à décoller de la première page, du premier chapitre, ...de la première phrase ? Non ...du Titre ???

 

Cet article est pour vous ! Je vais vous donner une série de petites recettes que j'applique tout simplement pour libérer mon écriture et recharger l'encre de ce satané stylo...

 

COMPRENDRE LE PROCESSUS D’ECRITURE :

 

Ecrire nous place en position d’élève :

 

Ecrire nous replace dans le rapport élève/professeur que nous avons connu dans l’enfance, car l’écriture est l’enseignement premier transmis par l’école et les maîtres.

Selon la manière dont la scolarisation a été traversée par le petit enfant qui est toujours en nous, cette expérience a laissé en nous plus ou moins de bons ou mauvais souvenirs, et ce faisant, plus ou moins de verrous en ont été posés.

L’écrit a été assimilé comme le support de prédilection à l’évaluation, au jugement et à la notation.

Lorsque vous êtes face à une page blanche, vous êtes toute votre vie durant, quelle que soit votre position dans l’organigramme, et même dans la sphère intime de l'écriture personnelle, en position d’enfant qui va être jugé, évalué.

 

Ceci représente la cause principale de blocage. Nous verrons plus loin comment sortir de ce blocage.

 

L’Ecriture est l’expression finale d’un mouvement

 

Imaginez une carafe pleine d’eau et un récipient. Verser doucement le contenu de la carafe dans le récipient.

Lorsque la carafe est vide, que se passe-t-il ? l'échange est terminé.

 

Reprenez en main la même carafe. Placez la sous un filet d’eau, de sorte qu’elle soit alimentée par le haut, et continuez à alimenter en versant la carafe dans le récipient. Qu' observez vous ? la circulation devient perpétuelle.

 

 

Vous êtes la carafe ! je sais l'image est bizarre... le robinet extérieur qui vous alimente c'est votre environnement culturel, émotionnel, les stimuli qui vous entourent et que vous devez aller chercher et entretenir. le récipient c'est ce fameux livre que vous allez écrire et qui va recueillir le flux de votre inspiration !

Cette fois je suis sûre que l'image vous parle.

 

Autrement dit l’écriture se prépare à l’intérieur de vous, par un mûrissement de l’idée. Aussi longtemps que vous n’avez pas une idée précise de ce que vous avez à dire par écrit, votre écriture sera bloquée.

 

Ecrire est bien l'effet visible d'une circulation invisible.

 

Vous ne pouvez pas obtenir de votre main de créer une image que votre cerveau n’a pas conçue.

(prendre exemple d’une recette de cuisine : avant d’exécuter la recette, on réfléchit au menu, on fait les courses, etc…la main vient au service de ce qui a été réfléchi, imaginé)

 

Vous devez comprendre que l’écriture est partie intégrante d’un mouvement global qui s’opère en vous. Si vous coupez l’alimentation de votre carafe intérieure, n’espérez pas que ce mouvement continue…

 

 

Ceci étant, la rédaction nécessite des conditions particulières à connaître et à mettre en place.

 

LES FACILITATEURS DU PROCESSUS D’ECRITURE :

 

 

Il est nécessaire de créer les conditions favorable au cheminement de l’idée jusqu’au stylo (clavier). Ces conditions varient d’une personne à l’autre.

Avant toutes choses vous devrez prendre le temps d’identifier dans votre situation personnelle les facteurs bloquants. Cette étape est un préalable indispensable pour mettre en place les solutions adaptées.

Il est nécessaire avant de trouver le remède d’identifier le mal.

 

Nous verrons plus loin quelles réponses apporter aux différentes situations bloquantes.

 

Voici quelques éléments de bon sens pour optimiser votre disponibilité pour l’écriture.

 

Du temps devant soi, du calme autour de soi :

 

Des conditions de silence et de concentration sont nécessaires au travail de rédaction. Vous devez vous isoler physiquement et vous couper des sources de distraction. A l'heure des sollicitations multiples (téléphone portable, écrans divers) notre cerveau n'est quasiment jamais mobilisé sur une seule activité. Si cela peut être considéré comme un progrès et une gymnastique vivifiante pour les méninges , il n'en reste pas moins qu'aucun travail sérieux en profondeur ne peut être accompli dans un tel contexte.

 

L'écriture est un véritable travail qui requiert une présence totale.

 

La solitude et le calme sont nécessaires pour entrer en soi, descendre chercher le noyau émotionnel, n’écouter que soi.

Prévoir et organiser ce moment de solitude.

Parfois il sera nécessaire de partir quelques jours loin du quotidien

 

Dans tous les cas: isolez vous

 

Couper toute source de distraction ou d’interruption, télévision,

éteignez le téléphone portable

ne mettez pas une blanquette de veau à mijoter

la garde d'enfant est également incompatible avec l'écriture

sachez fermez la porte

 

L'écriture requiert un grand sens d'observation:

 

A commencer par votre propre observation. Connaissez vous ! et Aimez vous assez pour vous placer au centre du dispositif ! Je m'explique:

 

Sachez observer votre biorythme et planifiez la rédaction au moment de la journée où vous êtes le plus productif.

 

Savez vous quel est le moment de la journée ou de la nuit où vous êtes le plus disponible pour l'exercice ? c'est différent pour chacun. Il y a des heures où la concentration est plus facile et plus efficace. Observez-vous. faites des essais et ne contrariez pas votre nature.

  

Vous devez adapter l'environnement à vous et pas l'inverse. Vous allez réaliser une activité intellectuelle mais pour autant votre corps ne doit pas être ni négligé ni oublié. C'est par lui aussi que ce temps parfois très long d'écriture va passer. Mangez, buvez, de manière à être libéré et portez des vêtements confortables que vous aimez. mettez vous dans une position où vous êtes bien et prévoyez d'y rester plusieurs heures.

Vous devez être totalement détaché des contraintes de votre corps, être confortable, ne pas ressentir de gêne physique, de douleur ni de besoin primaire comme la faim, la soif, etc…

Occupez vous de votre corps avant la séance d'écriture de sorte qu'il ne vous coupe pas lorsque vous serez en rythme de croisière.

 

De la même manière, vous devez trouver le meilleur endroit: pleine nature, chambre, bureau, grenier, jardin public, médiathèque etc...Avez vous pris le temps d'explorer tous les recoins de votre maison, de votre ville ?

C'est peut être hors de chez vous que vous trouverez ce lieu magique où votre esprit sera assez libéré pour écrire. Cet endroit peut être toujours le même où changer en fonction des saisons, de vos humeurs. Sachez créer autour de l'acte d'écriture une sorte de rite, ces moments deviendront des moments à vous, que vous retrouverez avec bonheur.

 

 

Un outil de travail fiable et sur lequel vous reposer entièrement

 

Choisissez votre support de rédaction (papier, ordinateur…) selon votre préférence et vos compétences.

 

Vous devez maîtriser l'outil pour rédiger de manière détendue.

 

A chacun son support adéquat. ordinateur, papier, selon les préférences. Dans tous les cas assurez vous d’avoir un matériel adapté, en bon état de fonctionnement, et maîtrisé, de sorte à ne pas perdre votre texte. faites des sauvegardes régulières. Les feuilles volantes seront numérotées, les fichiers ordinateurs seront enregistrés dans un répertoire facile à trouver. Des copies seront conservées sur une clef USB.

 

Remplissez votre caisse à outils :

 

Comme tous les artisans, vous avez besoin de matériel pour travailler sereinement.

 

Certains de ces outils sont en vous (acquis de l’apprentissage scolaire, universitaire, culture générale etc…) mais il existe d’autres sources indispensables que vous devez utiliser et par lesquels vous nourrir au quotidien.

 

Nous l’avons vu le processus d’écriture est un mouvement permanent, qui passe par une alimentation régulière de votre « disque dur interne ».

 

Prenez l’habitude de rédiger des petites choses. Cartes postales, textos, résumé d’un film que vous avez vu récemment, récit de vacances, de week-end.

 

La rédaction comme tout autre exercice devient plus fluide dès lors qu’on la pratique régulièrement.

 

Prenez l’habitude lorsque vous écrivez un mot, un verbe un adjectif, de rechercher et de noter ses synonymes. Plus vous étofferez votre bibliothèque intérieure plus vous prendrez confiance en vous.

 

Nous avons tous un dictionnaire intérieur dans lequel nous puisons trop souvent les mêmes mots. Amusez vous à chercher différentes façons de dire la même chose. Vous constaterez toutes les nuances que les mots proposent .

 

Ouvrez régulièrement un dictionnaire à jour. Laissez ce dictionnaire en permanence sur votre table de salon. j'insiste sur le terme "à jour" car comme vous le savez la langue française est une langue vivante ! Celà signifie que des mots nouveaux y sont ajoutés régulièrement, ainsi que des nuances ou des significations nouvelles.

Acceptez que notre langue évolue et ne vous arcboutez pas sur un concept érroné d'une langue française fermée aux influences étrangères ou au néologismes.

Les échanges entre les langues existent depuis que le langage et les migrations existent, c'est à dire depuis la nuit des temps! La seule menace qui pourrait peser sur la langue française c'est précisément l'arrêt de tout mouvement.

 

Ouvrez ce dictionaire tous les jours et lisez entièrement les définitions . Redécouvrez au passage des mots qui vous semblaient ordinaires ou que vous croyiez connaître. 

 

Lisez la presse locale. Amusez vous à rerédiger certains articles en utilisant des synonymes ou en réinventant l'article. détricotez l'histoire et racontez le contraire en prenant le contrepied. Cet exercice vous conduit à chercher des mots de sens opposés. Amusez vous et banalisez au maximum l’acte d’écriture de sorte à pouvoir l’exécuter en toutes circonstances. Prenez l'habitude de prendre les commandes et autorisez vous de sortir des rails.

 

Soyez curieux ! Oubliez votre zone de confort.

 

Ah ! la zone de confort...c'est tout ce qui nous rassure, tout ce qu'on maîtrise et qu'on peut faire les yeux fermés. Rien de pire pour encroûter un artiste...Fuyez ! aimez la nouveauté, l'inconnu et la prise de risque. Lancez vous dans des domaines où vous êtes en position de découverte et d'apprentissage.

Sortez beaucoup, imprégnez vous sans modération des autres arts, peinture, musique, théâtre, danse, cinéma, allez puiser toutes les émotions possibles. Rencontrez les autres humains, voyagez, enrichissez votre médiathèque personnelle.

 

Faites travailler vos cinq sens et même le sixième ! Diversifiez au maximum vos sources émotionnelles. Cela provoquera un étonnement, un effet de surprise, d’émerveillement propice à la création.

L’art de l’écriture prend son inspiration dans la vie et les émotions de tous les jours. Ces empreintes émotionnelles seront digérées, assimilées, vous les distillerez en silence et en sortirez par la suite des textes magnifiques.

 

Il n’est pas nécessaire de voyager très loin ni très cher pour nourrir sa carafe intérieure!

 

Ecrire à plusieurs : se retrouver dans des groupes de personnes partageant la même passion peut stimuler, créer une émulation. Un membre du groupe à tour de rôle choisit un thème et les membres travaillent sur le sujet pour la séance prochaine. Chacun lit le texte des autres. Partage, échange, confrontation positive. Cela apprend la modestie et la bienveillance.

 

Malgré tous ces facilitateurs, il vous arrive ce que vous redoutiez : la panne.

 

Les faux amis à proscrire:

 

La légende a souvent entretenu la fausse idée que l’alcool ou autres substances stupéfiantes pouvaient conférer du génie aux poètes ou aux auteurs. C’est bien entendu une contre vérité. La réalité est que les artistes sont souvent des personnes fragiles, émotives, qui ont peut être plus que d’autres tendance aux addictions. Ce n’est pas le produit qui donne du talent. Tout au contraire le produit anesthésie l’artiste et tue ses neurones à plus ou moins court terme. Les exemples en sont multiples…ne citons personne.

Si tous les alcooliques ou les drogués étaient des génies ces produits seraient prescrits par les médecins et remboursés par la sécurité sociale.

 

 

Pourquoi suis-je en panne ?

 

Vous êtes par période totalement sec. Les mots accrochent, vous ne parvenez plus à écrire une phrase ... Malgré tout le cérémonial qui vous convient d’habitude, votre style n’est plus fluide, vous ne parvenez à rien écrire de satisfaisant. Vous n’avez que des débuts de petites choses et aucune suite ne vient. La source est elle tarie ? Avez-vous tout dit ?

 

Patience : vous n’êtes pas un robot. L’écriture répond aux mêmes exigences que la plupart des phénomènes liés à la condition terrestre. Il y a, en art comme dans la nature, des cycles et différentes phases dans le processus.

 

Comme nous l’avons vu précédemment, il est fondamental que vous compreniez que l’écriture est la phase finale d’un mouvement global intérieur qui s’opère en vous. Vous devrez apprendre à vous faire suffisamment confiance pour ne pas vous faire violence. Je distinguerai trois types de phases dans ce cycle:

 

La phase enregistrement :

 

Les émotions, les couleurs, la matière de votre environnement vient à vous, entre en vous, en force ou en douceur. Vous emmagasinez. Cette phase est celle de l’approvisionnement en matière première. Plus vous vous exposerez à l’émotion, plus vous enrichirez votre terreau.

Tous vos sens doivent être sollicités. Chez toute créature terrestre le principe de base est : c’est la fonction qui fait l’organe. Vos sens sont vos antennes. Ils vous relient à tout votre environnement et vous permettent d’emmagasiner une foule d’informations utiles.

Travaillez vos sens un par un en vous concentrant sur chacun et en lui accordant toute votre attention comme si vous n’en aviez qu’un.

 

Exercice : bouchez vos oreilles avec des protections spécifiques et concentrez vous sur un paysage naturel, ou un tableau. Détaillez chaque Sujet/Objet. Observez sa couleur, ses nuances. Regardez son mouvement, son rapport aux autres éléments. Mettez vos yeux en charge de restituer la totalité des informations. Renouvelez cet exercice chaque fois que possible.

 

Lors d’une autre séance, asseyez vous dans l’endroit de votre choix, (votre jardin ou un milieu naturel) placez un masque sur vos yeux, et faites le même exercice en confiant à vos oreilles la charge de recueillir l’ensemble des informations. Soyez uniquement vos oreilles.

 

Lors d’une séance suivante vous aborderez votre environnement en sourd et en aveugle, uniquement par le toucher. Choisissez un environnement connu et sentez comme vous découvrez de nouvelles sensations. Laissez vos doigts collecter l’ensemble des informations. Je préconise cette expérience après avoir effectué les deux autres, car elle est plus perturbante, et nécessite une préparation. Certaines personnes ressentent une peur panique du noir. Si c’est votre cas, faites cette expérience à deux.

 

Découvrez combien l’usage des yeux vous prive de toutes les autres sensations.

Le sens de ces exercices est de vous persuader que plus vous utiliserez vos sens plus ils seront pointus.

Savez vous que tous les enfants naissent avec l’oreille absolue ? Seuls quelques uns la garderont à l’âge adulte. Les scientifiques ont prouvé que chez les enfants non stimulés sur le plan musical, cette faculté disparaît purement et simplement au cours des premières années de leur vie.

Sauf problème médical spécifique, il en va de même pour les autres sens.

Cet état de fait doit vous conduire à veiller particulièrement aux très jeunes enfants de votre entourage. Soyez le gardien de leurs atouts. A présent que vous savez vous n’avez plus le droit de les laisser perdre les cordes de leur arc.

 

Apprenez leur à utiliser leurs sens un par un dès le plus jeune âge.

 

Prenez l’habitude de vous exposer à toutes formes d’échanges avec l’extérieur. L’échange est un mouvement. Seul le mouvement permet la création.

 

La phase digestion : digestion ou décantation, c’est la phase que les impatients voudraient raccourcir voire court-circuiter. La matière première enregistrée par l’intermédiaire de vos sens, les épreuves qui vous sont données à vivre, les chocs émotionnels, les plaisirs, sont maintenant à l’intérieur de vous. Par une chance incroyable vous avez la faculté de modifier cette matière première qui se transforme chez d’autres en ulcère à l’estomac ou autres maladies psycho somatiques.

Dans le grand tambour de votre machine à laver intérieure,  tous ces éléments sont brassés, mélangés, certains vont déteindre sur d’autres, une chimie qui vous est propre et qui porte votre signature est en train de s’opérer. Vous n’en avez ni culpabilité ni mérite et êtes totalement impuissant dans cette phase. Tout ce que vous devez faire c’est attendre et laisser opérer la décantation en vous.

 

Vous devez intégrer que vous ne pouvez pas imposer de cadence ni d’objectif à votre machine à écrire. L’art ne comprend ni la violence ni la contrainte. Je parle bien de l’art, et pas du travail sur commande que font certains auteurs, qui pour moi n’a rien à voir avec la création artistique mais plutôt avec le commerce. et bim ! faut bien que je me fasse un peu plaisir aussi !

 

La phase production : vous restituez. L’écriture sort de manière quasi subite, en grande quantité, tous les jours, plusieurs fois par jour ou par nuit. Les mots sont organisés, les idées se bousculent.

Vous ressentez ce besoin impérieux d’écrire, de vous isoler. Votre intérieur est plein, trop plein, vous devez maintenant organiser cette restitution au plus vite.

 

Là encore vous devez être à l’écoute de vous-même et ne pas différer ce qui est en train de s’opérer. Un couvercle sur un volcan en éruption est inutile…

 

Il sera parfois nécessaire pour les personnes encore en activité professionnelle d’organiser des congés, de partir dans un endroit où vous pourrez laisser libre champ à votre créativité. Les horaires d’un écrivain ne sont pas des horaires de bureau et il est parfois difficile d’imposer à son partenaire des nuits morcelées par des séances d’écriture.

 

Lorsque vous êtes dans cette phase, vous ne souhaitez pas être distrait, et vous ne souhaitez pas non plus imposer à l’entourage votre sacerdoce. Cette phase est souvent douloureuse dans sa manifestation. Vous pouvez être amené à pleurer durant l’écriture, tant vous serez plongé dans votre ressenti. Ce qui passe par votre plume vient de très profond. Je compare souvent ce phénomène chez moi à une forte nausée. Pas très glamour je sais...mais c'est réellement la sensation que le réservoir est saturé et que les mots ont un besoin irrépressible de sortir et que les évacuer sera d’un grand soulagement.

 

L’état de concentration ou de mobilisation extrême dans lequel vous êtes peut inquiéter ou irriter votre entourage, dans ces moments là je suis complètement "focus"...l'incompréhension de votre entourage peut conduire à bloquer votre écriture, c’est pourquoi je conseille l’éloignement, (momentané bien sûr ! )afin que le processus ne soit pas interrompu au risque de ne jamais pouvoir le remettre en marche dans des conditions optimales de spontanéité et de vérité.

Il s'agit simplement d'expliquer l'urgence de l'écriture...ce qui en effet n'a rien de simple pour quelqu'un qui ne l'a jamais ressentie. Les images culinaires en revanche parlent à tout le monde:

Un soufflet doit être dégusté au bon moment. Lorsque l’heure est passée, il retombe et est immangeable.

plus sérieusement : Soyez vraiment vigilants : lorsque cette phase est installée, ayez en tout endroit et à tout moment un carnet et un stylo ( ou une tablette car on est tout de même en 2015...) pour noter les expressions, les séquences de phrases, les vers qui sortent de vous avec fulgurance. Ces flashs sont fugaces et fragiles. ne différez pas vos pulsions d'écriture. Elles ont lieu à toute heure et n’importe où, et ne souffrent en général pas la moindre attente. D’expérience, vous ne les retrouverez pas.

 

Ces trois phases sont de durées et de forces variables selon les personnes, mais aussi pour la même personne selon son contexte du moment. Il est impossible d’en faire aucune généralité ni prévision dans leur fréquence, leur durée, leur densité.

Ces phases sont bien entendu concomitantes en permanence en vous : ce que vous écrivez à l’instant T sont les émotions emmagasinées plusieurs mois ou années auparavant. Durant votre écriture vous êtes également en phase de digestion des émotions emmagasinées durant les mois précédents. Et ainsi de suite durant toute votre vie.

 

Vous constatez donc qu’il n’existe pas de phase vide, donc pas de panne sèche. Il s’agit juste d’une écriture différée. Soyez patient et indulgent avec vous-même, continuez d’alimenter votre usine intérieure de toute la matière première possible.

 

LES DEBUTS DE PETITES CHOSES SANS SUITE:

 

Vous avez parfois des commencements, des débuts de choses dont vous ne parvenez pas à extraire de suite, de matière suffisante.

Certaines pelotes se dévident avec plus de difficulté ou de lenteur. Toutes les personnes qui tricotent le savent. Il en est de même pour l’écriture.

Ne les laissez pas s’envoler. Ne les jetez pas.

ON NE JETTE RIEN !

 

Toujours pour les mêmes raisons, parce qu'on se connaît, qu'on s'aime( enfin presque) et qu'on ne se fait aucune violence !

Plus sérieusement, ne jetez pas mais servez vous des premiers jets comme bases, supports pour retravailler, améliorer.

Écrivez ces débuts de petites choses sans suite et conservez les dans un carnet à part. Ces idées trouveront leur place prochainement dans le livre que vous n’imaginez pas encore. Mot d’ordre : faites vous confiance et prenez patience !

 

Laisser reposer l'écriture:

 

sachez travailler en plusieurs séquences. Comme en cuisine, vos textes seront repris, retravaillés, après parfois un ou deux jours d'oubli. Lorsque vous les relirez votre regard aura déjà bougé par rapport au premier texte et vous apporterez une plus value à votre écriture.

ou pas!

Bien sûr comme à chaque fois, on trouve dans ce domaine des moments de grâce où le texte original est parfait. Mais rassurez vous, lorsque ce sera le cas vous le sentirez et vous n'aurez aucun besoin de le retoucher.

 

Qu’est ce qu’un travail fini en écriture ?

 

A quel moment peut-on dire : ce texte est terminé, ce texte est prêt ?

Il y a effectivement un moment où vous devrez vous arrêter de retoucher votre texte.

 

LE TEXTE EST UNE PHOTO :

 

Si vous reprenez un texte après plusieurs mois, vous prenez le risque de le modifier en profondeur, de dénaturer votre émotion première. Bien sûr votre style a changé au fil du temps, votre expression, votre ressenti. La chose que vous avez fixée ne vous ressemble plus tout à fait. Tant mieux ! Il est normal que vous soyez en mouvement.

Ne détruisez pas ce qui a été vous l’année dernière. Prenez une nouvelle page et écrivez un autre texte.

 

Lorsque vous regardez une photo de vous prise cinq ou dix ans en arrière, vous la regardez avec bienveillance. Vous étiez cette personne, vous ne l’êtes plus tout à fait. Pour autant cette photo est dans l’album de famille et ne mérite pas d’être détruite ni retouchée. Cette photo n’est pas parfaite, c’est vous, votre part d’humanité, votre réalité du moment.

 

QUAND PEUT ON DIRE QU'UN TEXTE EST TERMINE ? 

 

LA CONGRUENCE ENTRE LE FOND ET LA FORME :

 

Un travail fini est un travail qui vous donne la satisfaction de correspondre à ce que vous avez souhaité dire, exprimer.

 

Il est d’usage en littérature de parler du fond et de la forme. Un texte est fini lorsqu’il existe une congruence entre son fond et sa forme. Cette congruence est perceptible immédiatement. Elle permet au texte de « fonctionner ».

 

Lorsque vous quittez la maison pour partir à votre travail, ou à votre séance de sport, ou lorsque vous sortez danser en soirée, il y a un moment où vous arrêtez de vous habiller, de vous coiffer, de vous maquiller, de vous parfumer. Il y a un moment où vous vous estimez prêts à sortir . Votre fond intérieur est en harmonie avec votre forme extérieure. Attention, il ne s’agit pas de beauté ni de perfection. Vous pourriez tout aussi bien décider de passer la journée à vous préparer en estimant n’être jamais assez parfait ni assez beau pour sortir de chez vous. Soyez sûr que la journée ne suffira pas ...elle sera passée et vous ne serez jamais parfait!

Vous avez simplement adapté votre image en congruence avec l’activité que vous vous apprêtez à exécuter, ou avec l’intention que vous souhaitez que les autres perçoivent. Votre toilette ne sera pas la même si vous partez au bureau, ou si vous partez en vacances, ou encore si vous partez dans les bois.

 

Il y a un moment où cette harmonie, cette sincérité entre ce que vous montrez, ce que vous ressentez et ce que vous faites est totale : c’est la congruence. C’est bien cet état que vous devez rechercher dans la conception de vos textes.

 

Dans l’écriture la congruence se traduira de la manière suivante : selon le format de votre texte, poésie ou roman, texte court, selon les émotions que vous souhaitez véhiculer, selon le thème abordé, vous vous efforcerez d’adapter votre champ lexical (choix des mots, famille des mots), votre niveau de langage (soutenu, relâché, dialogue, narration) au contenu du message.

 

Aussi longtemps que vous sentirez le besoin de retoucher votre texte, il y a de grandes chances pour que ce soit à la recherche de cette congruence.

 

 LES FREINS :

 

Identifier ses peurs :

 

 

La position d’élève :

 

Nous l'avons vu écrire nous replace dans le rapport élève/professeur que nous avons connu dans l’enfance, car l’écriture est bla bla bla...Il devient plus clair à présent que vos blocages face à la feuille blanche et au stylo ont une explication et ne datent pas d’hier…

La bonne nouvelle c’est qu’il est possible de vous en débarrasser à tout âge, dès lors que vous souhaitez reprendre le pouvoir sur votre relation avec l’écriture.

 

Visualisez l’enfant que vous avez été, prenez appui sur les vieilles photos que vous connaissez de vous et regardez cet enfant avec empathie et bienveillance et dites lui de ma part qu'à partir de maintenant personne ne lui donnera plus jamais de note !

 

Chaque fois que vous pouvez, ou que vous doutez, souvenez vous qu'il n'y a plus de maître au dessus de vous.

 

Peur de ses propres limites 

 

Quelles que soient vos difficultés (mauvaise orthographe, etc...entourez vous des outils qui vous rassurent. Vous n'êtes pas en situation de concours... les dictionnaires sont autorisés!

Toujours écrire avec un dictionnaire récent à proximité. (Correcteur d’orthographe sur tous les ordinateurs avec un clic droit sur le mot souligné en rouge).

Penser à choisir des mots que l’on connaît. La langue française comporte suffisamment de synonymes pour éviter certains mots difficiles sur lesquels on doute.

Eviter de faire le singe savant. Utiliser un style qu’on maîtrise. Il n’y a rien de plus dommage que le choix de mots compliqués, mal compris, utilisés à contresens pour se donner un genre. Rester connecté à ses émotions. Le texte sera retravaillé par la suite, il est toujours possible de reprendre son texte et de l’enrichir.

L'important est d'exprimer vos émotions.

 

 

Le respect d’une forme imposée :

 

En corollaire du blocage de positionnement scolaire qui nous met en situation d’infériorité, s’ensuivent les blocages liés au respect d’un formalisme imposé.  

Le respect d’un plan, d’une architecture de texte sont souvent partie intégrante de la production d’écrit . qu'il s'agisse de versification en poésie ou de découpages en chapitres de prose, il est indispensable de passer par la case construction. 

Or nous avons vu que tout climat de contrainte est un obstacle au processus d’écriture.

 

Comme la plupart des humains, lorsque nous abordons un problème à résoudre, nous voyons en premier lieu la partie qui va nous poser le plus gros défi. Ainsi nous avons tendance à nous préoccuper en premier lieu de ce que nous redoutons le plus, sans avoir envisagé la hiérarchisation des tâches.

 

Il en est de même pour l’écriture.

Dans votre formation scolaire vos maîtres vous ont enseigné que tout acte d’écriture doit obéir à la matérialisation préalable d’un plan.

 

En écriture comme en voyage un plan n’est possible que si vous savez où vous êtes, d’où vous venez et où vous allez.

Vos chances de trouver un plan structuré sans ce préalable sont infimes voire inexistantes.

 

On n’écrit que ce qui est mûr dans notre esprit. Vous devez donc préparer concrêtement le chemin de votre écrit .

 

Si aucun plan ne vous vient clairement à l’esprit c’est que vous avez sauté une étape. Rebroussez-chemin et posez-vous trois questions fondamentales en respectant l’ordre, quel que soit l’objet de votre écriture.

 

Qui suis-je ?

D’où viens-je ?

Où vais-je ?

 

Avant tout acte d’écriture vous devez savoir quelle est votre position par rapport au texte que vous allez produire, et votre position par rapport à celui qui va le lire, quel est votre objectif et quel est le contenu de votre message.

 

QUI suis-je ?

 

Sachez qui vous êtes à chaque moment de l'écriture. Si 'est clair pour vous , ce sera clair pour votre interlocuteur (lecteur).

C’est le moment où vous choisissez votre casquette ( personnage x ou y, poète, narrateur, etc…)

Ce positionnement vous donnera, outre la distance que vous souhaitez, les outils nécessaires et adaptés, tant sur le plan du ton que sur celui du mode (style direct, indirect, temps des verbes). Sans ce positionnement préalable votre écriture risque de rester confuse et multicartes.

 

Cette question se repose à l'infini , à chaque chapitre, à chaque ligne d'un dialogue. Dans quelle bouche mettez vous les paroles que vous écrivez ? Incarnez à fond vos personnages.

 

D’OU viens-je ?

 

C’est le contexte, le décor, le cadre et l'environnement qui a conduit à l'avènement de votre votre texte. C'est l'écrin de votre intrigue et de vos personnages. C'est le moment de choisir et d’ajuster là encore le champ lexical. Prenez du temps . Il faut poser l’intrigue dans un décor pour que le lecteur fabrique des images.

Ces images issues de votre album personnel vont venir résonner sous la forme de nouvelles images en références aux propres albums intimes du lecteur.

 

OU vais-je ?

 

Que voulez vous démontrer ? Quelles actions et interactions choisissez-vous pour illustrer votre sujet ? Vers quelle fin voulez-vous amener le lecteur ? Par quels chemins voulez-vous le faire passer ?

 

Fixer cet objectif vous permettra d’affirmer le genre de votre texte et d’adopter le formalisme adéquat(roman policier, philosophique, poésie etc).

 

Bien souvent dans les tous premiers jours de l’écriture d’un roman, l’auteur a la première et la dernière scène. Lui reste à écrire tout l’espace entre ces deux points.

L’écriture des différents chapitres ne se déroule pas obligatoirement de manière chronologique. Les évènements et rebondissements surgissent de manière désordonnée et l’intrigue s’étoffe au fil de l’écriture. La construction du roman intervient au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Certains chapitres peuvent changer de place à tout moment si cela permet de servir le suspens et d’accentuer l’effet de surprise.

 

Appréciez cet espace de liberté et autorisez-vous à déstructurer plusieurs fois l'organisation de vos chapitres. Voyez si l’intrigue y gagne.

Ne soyez donc pas inquiet si votre inspiration se déplace d’avant en arrière et ne suit pas l’axe qui vous semble logique.

L’art n’obéit à aucune logique.

 

La page blanche :

 

L’angoisse de la page blanche est le frein le plus fréquemment décrit par les écrivains les plus chevronnés. Elle correspond à la peur de la panne sèche. Et si cette fois je n’avais plus rien à dire ?

 

La page est angoissante par la grandeur de l’espace vide qu’elle suggère et qu’elle délimite et tout d’un coup notre responsabilité à la remplir devient immense.

 

Pour limiter notre angoisse il est donc judicieux de limiter la taille de notre support papier. Travaillez sur des demi-formats de type A5.

 

Une page ne doit pas rester blanche, et il y a pour cela de multiples solutions !

Notez quelques mots piochés au fil de votre digression intérieure dans les coins de votre page. Agrémentez les de petits dessins gribouillés tout en continuant dans vos pensées. Ecrire quelques mots, quelques idées, sans faire de phrase pour faciliter le démarrage.

Un titre, des rimes, etc. si blocage, poser et reprendre plus tard. Essayer de changer de support, d’endroit. Vous n’avez peut être pas encore trouvé votre environnement idéal.

 

Identifiez et éviter de répéter les mêmes situations de blocage.

 

Refaites cet exercice aussi souvent que possible en essayant plusieurs moments et lieux. Placez-vous devant une feuille de papier avec un stylo ou crayon à papier et laissez aller vos digressions.

 Votre mental prendra appui sur toutes ces petits pierres que vous semez et rapidement un groupe de mot se détachera et la première phrase arrivera, entraînant les autres.

Prenez l’habitude de cet exercice quotidien qui doit rester court (pas plus d’un quart d’heure vingt minutes). N’écrivez que deux ou trois phrases, et comme toujours : gardez vos petits papiers dans une boite. Ces phrases s’insèreront bientôt dans un texte plus long. Le processus ne s’arrêtant jamais vous ne risquez jamais la panne sèche.

 

Acheter des carnets d’écriture. Ces carnets présentent l’avantage d’être des objets finis de petit format. Ils pourront accueillir vos textes, vos petites phrases. Cela est moins angoissant que de gérer de grands formats au départ.

Attention on n’arrache pas les pages  et on ne met rien à la poubelle !

 

Le Regard des autres:

 

l’entourage immédiat : cacher son support d’écriture, ne pas en parler ni le faire lire si l’environnement est négatif. Garder ce jardin secret peut stimuler la créativité. Le montrer à un entourage négatif peut la tuer.

Travailler sur soi plus globalement pour se libérer. La peur du regard des autres freine sans doute d’autres sphères dans vos vies. Se mettre en situation de considérer que personne mieux que vous ne sait ce qui est bien pour vous. Etre indulgent avec les autres permettra d’être indulgent avec vous-même. Comment réagissez-vous face à une œuvre d’art ? Mesurer la difficulté du travail permet un regard bienveillant.

S’entraîner à accepter la critique des autres sur d’autres sphères : comment réagissons nous face à une critique concernant notre cuisine, l’éducation de nos enfants, nos choix vestimentaires, etc. où en sommes nous de notre confiance en nous ? quels arguments sommes nous en mesure de développer face à une critique qui touche à nos choix de vie ? s’entraîner à exprimer à notre entourage une opinion, parvenir à exprimer nos goûts, nos envies ou nos craintes. Oser se dire. Accepter les différences de l’autre vous permettra d’affirmer les vôtres sans peur d’être jugé, condamné ou abandonné.  

Acceptez d’être vous pour que les autres vous acceptent . 

 

Sachez vous situer en dehors de vos écrits:

 

Votre écrit n'est pas votre personne.

Vous faites vos livres mais vous n'êtes pas vos livres. Autorisez les gens à ne pas aimer votre écrit comme vos enfants pourraient ne pas aimer un de vos plats.

De la même manière que vous n'êtes pas dans vos épinards à la crème lorsqu'ils disent "berk" ! 

 

Tout jugement porté sur votre travail en positif comme en négatif ne doit pas être ressenti comme un jugement de votre personne.

 

La pudeur :

 

Peur de dévoiler des émotions tabous. La mort, la violence, le sexe, la colère, la haine, etc…Chacun a ses propres épouvantails. L’expression de certains sentiments ou émotions est parfois difficile en raison du poids de notre éducation, du rapport avec l'interdit.

Difficulté de mettre en mots ou en scène des sentiments ou des gestes qu’on nous a habitué à refouler, à chasser de nos comportement ou à garder dans l'intimité du couple, à taire, voire à oublier.

Chacun ressent cette pudeur à des degrés différents et sur des sujets différents. Cette pudeur peut être comparée avec le rapport que vous entretenez avec votre nudité et votre regard sur le corps. Ce corps nu ramène à l’essentiel et aux peurs primitives. La vulnérabilité, la mort, le ridicule, l'impuissance.

Vous pourrez avancer sur la gestion d’un blocage lié à une pudeur excessive en commençant par un travail de regard sur votre corps dans le miroir.

 

La difficulté à exprimer ou écrire une pensée intime s'apparente à blocage lié à sa propre nudité. Vous parviendrez à explorer votre intérieur lorsque vous aurez fait la paix avec votre extérieur.

 

Commencez par votre visage, détaillez chacun des éléments, ces rires qui ont sculpté vos rides, trouvez vos spécificités, vos grains de beauté, trouvez vos points communs avec vos parents, fratrie, enfants, trouvez ce qui vous relie aux autres et ce qui fait de vous un être unique.

Continuez chaque jour un peu plus longtemps et prenez le temps de vous attarder sur chaque partie de votre corps.

A nouveau, il s'agit de faire ce travail d’apprentissage de la bienveillance et de l’indulgence envers vous.

Acceptez votre imperfection, c'est ce qui fait de vous un être humain. Ce corps est à vous et EST vous, unique et à la fois universel. Il est votre point commun au reste de l’humanité, et contient aussi toute votre singularité, votre propre expérience.

 

Il est votre véhicule et votre enveloppe. celà signifie qu'il y a quelquechose de très précieux à l'intérieur. C’est par votre corps que les émotions arrivent jusqu’à votre coeur.  Ressentez le froid, puis le chaud sur votre peau. Isolez chaque frisson. Ces sensations de surface sont vos systèmes d'alerte, de connexion avec le reste de l'univers, mais aussi un système de protection. Le noyau vital de votre coeur et de vos poumons est bien protégé au chaud et au centre de votre corps. Il ne risque rien.

 

Même lorsque vous êtes nus, la part essentielle de vous est préservée.

 

Qui êtes vous ? D'où venez vous ? Où allez vous ?

Vous constaterez rapidement que votre regard sur vous, sur la nudité va changer. Votre corps va devenir votre allié. Vous mettre à nu sera l’occasion privilégiée d’entrer en vous, de refaire votre propre histoire, votre enfance, petit garçon ou petite fille, remerciez vos pieds vos jambes de vous avoir mené jusqu'ici, sentez comme votre nombril, est bien le centre, l'axe de votre corps. retrouvez vos cicatrices, l' appendicite ou la chute en vélo, vos blessures, vos fractures, votre jeunesse, vos premiers émois, ces merveilleux bébés qui ont laissé des vergetures sur votre ventre mesdames, vos points forts, vos points faibles, tout ce qui fait les repères du temps, les chapitres de votre vie.

Votre corps est aussi un livre qui parle de vous et de ceux qui vous aiment et que vous aimez.

 

A présent rhabillez vous et choisissez la parure dont vous souhaitez orner votre peau. les couleurs, les matières, reconnectez vous avec le groupe social des humains et sentez vous un parmi les autres, unique mais dans un destin commun, avec les mêmes peurs, les mêmes espoirs, les mêmes costumes sur vos émotions.

 

Descendre en vous les yeux ouverts vous permettra de savoir qui vous êtes. Savoir qui vous êtes vous permettra de vous libérer du regard des autres et de créer une multitude d'univers et de personnages.

 

Vous connecter au plus profond de vous, et vous ancrer dans la stabilité de votre axe, vous permettra de laisser votre imaginaire voyager au plus loin en gardant vos bases solides.

 

Ecrire c’est savoir déshabiller son intérieur sans risquer de lui faire prendre froid, et le parer de toutes sortes de costumes, de prénoms, de sentiments et d'intentions, sans risquer de le perdre.

 

Une règle de base de la production artistique : en Art tout est permis. Rien n’est indicible. Aucun sujet n’est tabou, aucun style n’est prohibé, aucun champ lexical n’est proscrit. Vous êtes en position de création. Seul acteur et seul maître.

 

Lorsque vous souhaitez aborder des sujets difficiles, la prise de recul est conseillée pour vous libérer de cette pudeur. Mettez vos mots dans la bouche d’un tiers, d’un personnage que vous créez. Ce personnage n’est plus tout à fait vous : il peut donc dire ou faire tout ce qu’il veut cela ne vous engage pas en tant que personne. Cela vous libère.

Les auteurs de thrillers décrivent des scènes terribles de viols de meurtres sadiques etc…ils ne sont pas pour autant des psychopathes. Ils créent des personnages et vont au bout. L’écriture sert aussi à exorciser vos fantômes. L’écriture est au service du scénario, de l’histoire que vous voulez raconter.

 

Peur de la publication, d'être lu, : cette peur est liée à la précédente. c'est la peur d'être regardé et de se sentir nu ...souvenez vous, vous n'êtes pas votre livre. 

 

Peur de ne pas être à la hauteur, comparaison avec les plus grands artistes et poètes :

 

Je ne serai jamais Victor Hugo! Ceci est une évidence... Maintenant que vous l’avez formulée, pensez qu’Alexandre Jardin, Amélie NOTHOMB, Albert CAMUS se sont dit la même chose. Quel dommage si cette petite phrase avait suffi à les empêcher d’écrire !

Le nombre de places dans l’écriture n’est pas limité. Vous trouverez la vôtre comme vous l’avez fait pour le reste de votre vie.

Le frein de la sous estime de soi est le plus répandu dans tout type d’activité. Commencer à être bienveillant avec soi même. Ce qui sort de moi est à mon image : unique et à la fois universel. C’est mon ADN et à la fois c’est tout simplement humain. Comme un enfant. Qui juge la qualité d’un nouveau né ? Envisagez le point commun entre vous et les autres. Quelles sont les personnes que vous admirez ? Pour quelles raisons ? Cherchez les points communs entre vous et ces personnes. Valoriser ces points communs sans ajouter de notion de degré ou de niveau. Ces points communs vont être le moteur qui va vous permettre de démarrer. Cherchez maintenant vos différences. Identifiez ce qui vous est propre. Cultivez ces différences qui font votre identité, votre ADN. Ces différences seront votre carburant sur le long chemin de l’écriture.

Ne cherchez pas à vous situer sur une échelle de niveau par rapport à vos idoles ou vos modèles. Nous ne jouons pas du même instrument. On ne compare pas les choux avec les carottes, mais il faut des deux pour faire une bonne potée.

Comprendre ce qui se passe et s’autoriser à entrer de l’autre côté : passer de lecteur à auteur. L’émotion que je ressens m’est propre : lorsque je l’écris je la rends universelle, je lui donne le pouvoir d’être partagée. Accepter ma part d’humanité. Ma part d’imperfection. Le doute ne doit pas être un frein mais un moteur pour se perfectionner.

Ceci n’est pas un concours pour être le premier. C’est avant tout un combat avec soi même pour réaliser un rêve et dépasser une limite.

Eviter de se relire trop tôt. Le texte sera retravaillé à plusieurs reprises. Ne pas déchirer. Garder le premier jet car il renferme souvent même maladroitement l’essence de l’émotion. Bienveillance maximale avec soi même. Mon ressenti n’a pas à être remis en question.

 

Ecrire sur commande ou dans la contrainte :

 

S’astreindre à s’enfermer pour produire à tout prix peut conduire à un blocage total de la créativité. L’existence des « nègres » en est hélas la preuve. Les auteurs à succès sont contraints par leurs éditeurs à produire dans des délais précis, et comme la production artistique, les idées et le talent des êtres humains ont leurs limites, ils sont tentés de sous traiter.

 

Cependant, certains écrivains aiment cette astreinte quotidienne. Chacun devra trouver sa méthode.

 

 

Fermer les autres livres:

 

Durant le processus d’écriture, éviter de lire les autres. Le risque étant de s’imprégner des pensées, du style, des mots des autres. Rester bien centré sur ses émotions, ne pas se parasiter avec le travail des autres. Autorisez-vous à être votre auteur préféré. Cultivez sans modération le narcissisme.

Vous êtes passés de l’autre côté. Vous n’êtes plus spectateurs mais acteurs.

 

L’impatience :

 

Nous l’avons vu précédemment, vous devez absolument vous respecter vous-même et être à l’écoute de votre intérieur.

L’impatience que vous ressentez à achever un texte, ou à trouver un rebondissement à l’histoire que vous racontez, s’apparente à l’écriture forcée ou sur commande. Votre mental le comprend de la même façon.

 

La créativité ne peut pas être brusquée par décret ou menace. L’écriture est l’aboutissement d’un processus de mâturation. Vouloir écrire alors que l’émotion n’est pas encore digérée reviendrait à vouloir cuisiner un fruit vert. Soyez patient avec vous-même. Apprenez à vous écouter et à vous faire confiance. Lorsque les mots seront mûrs vous le saurez, ils sortiront tous seuls. A vous de ne pas les rater à la sortie.

 

Néanmoins lorsque vous butez sur un point précis de l’intrigue, c’est peut être tout simplement que vous vous êtes enfermés vous-même dans un chemin qui ne mène nulle part. Essayez de reprendre à l’envers le fil de l’histoire que vous racontez et remontez jusqu’à l’endroit où vous avez peut être fermé une porte qui s’avère être la bonne.

Il est parfois nécessaire de détricoter quelques rangs, de changer de couleur, pour repartir de plus belle et finir l’ouvrage.

 

Je vous laisse ...je crois que vous êtes prêts !

 



19/11/2015
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