Marie LIANDIER , Poète et Romancière

COMMENT DECRIRE UNE ATMOSPHERE

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COMMENT DECRIRE UNE ATMOSPHERE ?

 

Pour faire entrer le lecteur dans une atmosphère de votre choix il est important d'accorder du temps sur les détails, sur les non dits, sur le ressenti. la dimension sensorielle prend ici toute sa place et emmènera votre lecteur à coup sûr dans l'univers que vous avez choisi pour lui. Pensez à axer votre vocabulaire dans le champ lexical propre à l'univers choisi (amoureux, paysage naturel, caractère), et à mettre en exergue les sens auxquels vous faites appel (vue, ouïe, goût, l'odorat, le tactile).

 

Extrait de mon roman "opération Puy Mary":

 

ou comment peindre la tendresse de l'authentique, de la ruralité 

 

"Il guida Jean sous le perron et baissant la tête, il poussa la lourde porte de bois gémissante et cloutée. Jean se redressa lentement et resta subjugué par cette cathédrale sans vitraux. Il admira la voûte parfaite qui abritait telle un ventre de femme ces trésors au goût de gentiane. La fraîcheur soudaine de l'intérieur tomba sur ses épaules comme deux mains fermes..."

 

..."Sur toute l'étendue de la cave, de part et d'autre des murs de pierre, s'affinaient des pièces de fromage sagement alignées à intervalles réguliers sur des étagères de chêne dont elles buvaient un peu de la sève. Leurs croûtes dégradées déclinaient les pâles teintes des pièces récentes, jusqu'au rose brun moucheté des fourmes les plus fortes.

Le sol de terre noire étouffait les pas des deux hommes. Jean Paul tourna et ressuya d'un revers de bras quelques unes des pièces, puis, sentant le froid, les deux hommes quittèrent la cave et gagnèrent l'intérieur de la maison.

Assis à table, le père taillait avec gourmandise dans une pièce de Cantal entre deux, dont il venait de vendre la moitié à des touristes de passage. Il mâchait bruyamment la bouche ouverte, et coupait ses bouchées de fromage avec des copeaux de pain de campagne.

Les yeux en l'air et les sourcils froncés, il vérifia par trois fois sa première impression et déclara gravement, la bouche pleine:

_ Chelui là elles l'ont réuchi ! Vous voulez goûter ?

 

L'homme de rinça la bouche dans un verre de vin rouge. Jean accepta avec plaisir de généreux morceau que son hôte lui tendait à la pointe du couteau, et il mordit avec délectation dans la chair tendre couleur de paille, commençant par la croûte. Elle céda tendrement sous ses mâchoires et fondit sur sa langue en mille parfums."

  

Extrait de mon roman "Le Crime d'Aloïs":

  

Ou comment planter le décor d'un thriller... 

 

"La toile vide était tendue dans la rosée fraîche du matin.

 

L’hexagone parfait qu’elle formait portait sur ses fils de soie les perles d’eau tombées du ciel en une bruine invisible.

Les bulles d’eau s’emballaient telles des notes de musique sur cette portée transparente jouant en préambule un requiem cristallin.

 

La dentellière absente attendait non loin dans la patience de sa race, la proie qui apaiserait sa faim. Le soleil sècherait bientôt les gouttes qui révélaient l’existence du piège qu’elle avait tendu et il deviendrait alors une impasse imprévisible.

 

A la moitié du jour, les rayons du soleil chauffaient si bien ses ailes qu’un insecte imprudent se laissa griser par son vol. L’insecte planait indolent sur l’air chaud qui le soutenait, il ne sentait plus le poids de sa propre vie, et s’abandonna un instant à la douceur d’être au monde.

 

Doucement et en toute insouciance il heurta le filet mortel où ses pattes demeurèrent prisonnières. Les soies gluantes enduites de poison ondulaient sous ses soubresauts.

L’araignée sut qu’il était temps. Elle grimpa en un éclair et observa de ses yeux noirs et luisants son déjeuner avec gourmandise.

 

Tournant autour de sa proie vivante, elle commença sa danse macabre, tissant pour elle un linceul de soie. Plus la peine de se débattre. L’insecte pris connaissait sa fin. Le poison infusa lentement dans tout son petit être, chauffant et cuisant tout en profondeur.

 

La vie quitta peu à peu sous la douleur insupportable l’insecte fragile. Sans cri ni goutte de sang. La vie tout autour poursuivit, injuste et indifférente, son cycle éternel. L’araignée patiente digéra le cadavre gris en quelques heures, laissant une toile propre et lisse de tout crime.

 

La toile tendue demeura vide dans la rosée du soir qui commençait de tomber…

 

Demain un autre soleil se lèverait, sans mémoire, promettant un nouveau sacrifice…"

 

 

Extrait de mon roman "Le voyage de la dernière chance":

 

ou comment mettre en scène une atmosphère sensuelle...

 

" La jupe fleurie de Léa flotte au vent léger, dévoilant ses genoux ronds. Son petit bustier de soie mauve marque un peu le froissé du voyage. La bretelle de son soutien gorge tombe, lascive sur le haut de on bras. Elle sourit. Elle est belle..."

 

..."Je passe mon bras autour de sa taille et la plaque contre moi. Elle se laisse faire. Elle plante ses yeux verts dans les miens et sourit..."

 

..."Léa s'est douchée. Elle a enfilé un déshabillé rose. Accoudée au balcon de pierre, elle me tourne le dos, regarde l'horizon. Elle flotte, douce et paisible entre rêve et réalité. Le soleil couchant traverse le voile qui la couvre, la mettant presque nue. Le creux de ses reins, le galbe de ses fesses m'invitent à la rejoindre..."

 

..."La brise tiède qui caresse mon cou glisse aussi dans les cheveux de Rudy. Ses joues légèrement ombrées de barbe lui donnent l'air d'un baroudeur. La poussière a collé sur la sueur de son visage...Sa peau m'appelle plus fort que jamais...Je me colle contre lui et fourre mon nez dans le creux de son cou. Je hume l'odeur de cette peau d'homme qui s'offre à moi comme une friandise..."

 

..." J'entre entièrement nue dans le hammam et m'allonge sur le banc de bois. La chaleur moite me couvre de rosée et m'opresse un peu. Je ferme les yeux et respire profondément pour éloigner la sensation d'étoufement. Une des jeunes femmes me rejoint et commence à frotter ma peau. Dans les paumes de ses mains, une crème parfumée légèrement moussante et abrasive. Des noyaux d'abricots en poudre gomment mes épaules en douceur. La jeune fée passe légèrement sur mes seins en les effleurant pour ne pas les blesser. Elle masse en rond mon ventre relâché jusqu'à la naissance de mon sexe, puis descend sur mes hanches jusqu'à mes chevilles. Je lui offre mon dos sans résistance et laisse l'Orient m'apprendre le bien être de me sentir belle.

Ma vieille enveloppe me quitte sous ses mains expertes. Le parfum délicat de l'onguent amplifié par la chaleur de la pièce me grise..."

 

..." Deux mains fines et fermes se posent sur mes reins et glissent le long de mon dos dans des mouvements savants qui absorbent toute la fatigue de mes dix dernières années. Ces caresses de femmes sont d'une volupté que je n'ai jamais connue auparavant. Je n'ai plus honte de mes rondeurs. Je les ressens comme des chances d'augmenter encore le plaisir du contact..."

 

 



16/01/2011
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