Marie LIANDIER , Poète et Romancière

COMMENT DECRIRE UN PERSONNAGE


COMMENT DECRIRE UN PERSONNAGE ?

 

Décrire un personnage est l'étape indispensable pour un écrivain, avant de lui donner la moindre parole. Vous devez faire appel à votre sens de l'observation et restituer le maximum de détails, qui seront autant de renseignements pour le lecteur qui construira sa propre image du personnage. Vous devez attirer l'oeil du lecteur sur les points que vous voulez mettre en avant. Ainsi l'utilisation de termes aussi génériques que "beauté" n'est pas un problème dans un premier temps. Le lecteur y transfèrera sa propre idée de la beauté. N'oubliez jamais que le lecteur s'approprie vos textes et les déchiffre avec ses propres images de références.

N'oubliez jamais non plus que c'est à vous de diriger le regard du lecteur et de créer les conditions de ses émotions qui s'inscriront dans son cadre de référence personnel. C'est la grande différence entre le livre et le cinéma. L'écrivain doit mettre en scène les conditions de la création des images chez son lecteur. Le cinéma impose les images au spectateur et lui enlève toute liberté. Celà dit je suis une grande fan de cinéma !!

 

Extrait de mon roman "Le Crime d'Aloïs":

 

 

"Le professeur PORTIER était un homme d'une grande beauté. Il faisait partie des gatés de la vie. Une intelligence hors norme, un physique hors norme, un physique de cinéma, on avait envie de hurler en le voyant...de hurler à l'injustice pour les autres. Ceux qui n'ont rien, ni l'un, ni l'autre.

Il donnait de surcroît une impression de facilité déconcertante, presque insolente. Après une journée passée au bloc opératoire, dans le stress, le sang et une concentration extrême, il arpentait encore les couloirs du CHU jusqu'à des heures indues sans laisser transparaître le moindre signe de fatigue.

Ce petit marathon qu'il effectuait tous les soirs dans le dédale de l'hôpital universitaire était pour lui à la fois une décompression et un entraînement pour les épreuves du lendemain.

Il y ressourçait son inspiration et ses diagnostics et y délassait ses muscles contractés. Son bureau était sa chambre, son bloc était son atelier, les couloirs étaient son jardin, et tout autour autant de chambres d'amis où il recevait des hôters un peu cabossés.

Il replongeait le soir venu dans les dossiers médicaux de chacune des têtes qu'il avait tenté de sauver, dans chacun des crânes qu'il avait percés le matin même, dans la matière desquels il avait plongé ses doigts superbes d'orfèvre, sans sourciller, juste parcer qu'il faut bien quelqu'un pour le faire et que ce quelqu'un c'était lui.

Le cerveau humain n'avait guère de secret pour lui, tout au moins avançait il au même rythme que la connaissance la plus pointue.

Il était le bricoleur le plus intellectuel et le traqueur de tumeurs le plus modeste qu'il ait été donné de rencontrer."

 

Les éléments donnés ici permettent au lecteur de connaître l'essentiel sur ce personnage. Peu importe la couleur de ses yeux ou de ses cheveux, sa taille. chaque lecteur lui transposera ses propres critères de beauté. En revanche, la description de ses fonctions et de sa façon de les exercer sont suffisamment précises pour que le lecteur déduisent les informations essentielles à sa compréhension du personnage.

 

 Extrait de mon roman " Opération Puy mary":

 

 

" L'homme l'attendait, un mégot roulé au coin des lèvres, campé devant la porte de la maison de pierre. Son pantalon de toile bleue trop large et arqué laissait deviner des jambes sèches et noueuses, comme les arbres possés à grand peine. Des poches gonflées de sa veste assortie on devinait un grand mouchoir roulé, posé sur un paquet de tabac gris. Le couteau dormait sans doute de l'autre côté, entre une pelote de ficelle et du papier gommé;

 Firmin LABORIE vivait là. Il était né ici, comme son père et son grand père avant lui, dans la chambre du fond qui témoignait encore par ses draps de lin, ses couvertures piquées ert ses objets utiles, de cette mode intemporelle qui siège dans notre mémoire commune.

L'homme frêle au dos voûté fit un geste du bras et invita Jean à entrer à l'intérieur. Les pieds nus mal calés dans ses galoches de bois, il claudiqua jusqu'au dedans.

L'obscurité soudaine contrastant avec les rayons vifs du soleil printanier obligea Jean à marquer un arrêt pour ne pas se heurter à la table de ferme. Une odeur chaude et moite baignait la petite pièce et les premières mouches encore engourdies en parcouraient l'espace en vols lourds et désordonnés.

Jean toussa, incommodé par l'épaisseur de l'atmosphère. Le ronron d'une cuisinière à bois témoignait de la fraîcheur des nuits malgré le calendrier déjà avancé..."

 

..."Firmin était assis en face de lui, il avait croisé ses doigts secs légèrement crochus dans une position d'attente qui ne leur était pas coutumière, et du fond de ses orbites profondes, il observait Jean de ses petits yeux délavés de vieillard."

 

 

 

 



16/01/2011
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